[REPORTAGE] Embouteillages, parc automobile vétuste… Au cœur des problèmes de mobilité à Mbour

D’énormes bouchons quotidiens, des klaxons, des demi-tours impromptus ont fini d’installer un sentiment de chaos dans la circulation à Mbour. Des querelles entre automobilistes se produisent tous les jours sur la route nationale n°1. En effet, les embouteillages sont devenus monnaie courante. Il est même difficile de marcher sur le trottoir et manquer de peu de se faire heurter. Mbour connaît un sérieux problème de mobilité, du fait de la densité de sa circulation. C’est une combinaison de facteurs qui explique l’anarchie qui règne sur les routes. Etant un carrefour, les automobilistes qui rallient Fatick, Kaolack, Tambacounda, le Mali, passent par Mbour.

Ce qui fait que la ville est noyée dans des bouchons monstres. Les automobilistes ne manquent pas de contourner les obstacles. Ils n’hésitent pas à emprunter les ruelles mettant dés fois en danger la vie des piétons. En effet, pour ne pas se laisser coincer dans les embouteillages, ils quittent la route et disputent les trottoirs aux piétons.  » Depuis que je suis enfant, il y a la même route à Mbour. C’est à se demander s’il y a un maire dans cette ville où si la ville est prise en compte parmi les priorités ‘’, rouspète un sexagénaire qui a pris place dans un taxi. Son voisin de renchérir :  » maintenant, il est plus facile d’aller à Thiès que de circuler à Mbour. Il faut sortir deux heures avant pour ne pas être pris dans le piège des embouteillages. On perd beaucoup de temps dans nos déplacements’’. Pour traverser la route, les piétons sont souvent obligés de patienter pendant plusieurs minutes. Comble des choses, les automobilistes ignorent complètement les piétons qui veulent traverser. ‘’Une fois, un taxi a failli m’écraser. Je marchais sans me soucier de rien, parce que j’étais sur l’espace réservé aux piétons. Depuis, je regarde ou je mets les pieds’’, raconte Binta Ndiaye.
 La route nationale est en permanence saturée. L’anarchie dans la conduite n’offre pas aux populations des solutions de mobilité adaptées.  »Il y a quelques mois, une voiture m’a heurté sur l’espace réservé aux piétons. J’ai subi deux opérations et je marche actuellement avec une béquille », confie Babacar Diop. Pléthore de taxis, charrettes dangereuses Cet état de fait vient s’ajouter à l’état des véhicules, de véritables carcasses. Malgré leur nombre pléthorique, la vétusté des taxis n’est pas de nature à améliorer la situation. Pour rallier son lieu de travail, il faut se lever très tôt car on peut rester des heures à attendre un taxi. Ceux qui arrivent sont pleins. En dépit de la pléthore de véhicules qui officient comme taxis et les Tata, les moyens de transport ne comblent pas les besoins de mobilité urbaine des populations. Certains cherchent des alternatives qui, même si elles sont efficaces, ne sont pas reposantes. ‘’ Pour me rendre à Saly, je passe sur la route de Saly Niakh Niakhal. Le prix est plus cher, car il faut débourser 400 frs au lieu de 200 frs. La route de Mbour qui mène jusqu’à Saly est très cahoteuse. Mais arrivé à Saly on circule paisiblement parce qu’il y a une bonne route », assure Dieynaba, une vendeuse d’œuvre d’art.
 Au niveau du marché, outre les automobiles, il y a aussi les hippomobiles qui participent au déplacement des citadins. La charrette demeurait le moins cher et le plus pratique, de l’avis de certains. Mais depuis un certain temps, les charretiers ont revu leurs prix à la hausse. Auparavant, il fallait débourser 50 frs.  » Maintenant, ils demandent 100 frs à la place des 50 frs. On est obligé de les prendre parce qu’il faut attendre des heures avant de trouver un taxi  », dit Safietou Niang. Même si la clientèle est présente, certains Mbourois la considèrent comme la plus dangereuse parmi tous les moyens de transport. Le carrosse peut se renverser. Les conditions de sécurité et de confort des passagers sont jugées inexistantes. Il n’y a pas d’abri ombragé. Les passagers sont ainsi exposés aux rayons du soleil. La charrette est également fréquemment surchargée. Elle peut contenir onze personnes. Cinq de chaque côté, plus le cocher, sans compter les bagages des passagers placés au milieu. Le cheval peut donc s’écrouler à tout moment. En dépit de tous ces dangers, les populations continuent à prendre les hippomobiles, puisque considérés comme une alternative pratique. Ils offrent un avantage assez comparatif. ‘’Il n’est pas dangereux de monter à bord des charrettes, car les cochers conduisent à une vitesse raisonnable. Avec les charrettes qui vont à Gounass, on peut descendre à quelques mètres de chez soi, ce qui n’est pas possible avec un taxi ou le Tata’’, se réjouit-elle.
 En outre, un problème de cohabitation se pose aussi. Les charretiers sont accusés d’être à l’origine des encombrements quasi-permanents au niveau du marché. Le mode de transport version Jakarta n’existe qu’à Saly. Là-bas aussi, l’intérêt pour les transports version Jakarta est relativement récent. Et ils ne sont assurés que dans un circuit bien défini dans la commune. Avec la venue des bus Tata, les habitants pensaient que leur calvaire était fini. Que nenni !  »Cela n’a rien réglé. Au contraire, c’est pire que ce que l’on attendait. Les bus ont été convoyés ici pour transporter les commerçantes de légumes et de poissons. Elles remplissent le bus avec leurs paniers, leurs seaux. Si tu n’as pas de place pour t’asseoir, tu risques de te faire salir », explique Khady Thiam. La mine dépitée, elle rajoute :  »Ces bus ont été amenés ici, pour transporter les personnes pas des marchandises qui peuvent te salir. Et quand tu en parles, tu risques d’être vu comme le méchant ». En tout état de cause, Mbour et ses habitants se noient sous un parc automobile vétuste et un marasme routier.
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