LA PROSTITUTION, LE REFUGE DE FILLES MIGRANTES A ZIGUINCHOR
Entre sévices corporels et business pas lucratif comparé aux années précédentes à cause de l’attrait d’étudiantes d’une université privée, les filles de joie exercent leur métier en toute tranquillité à Ziguinchor.
Le profil national de la migration de l’année 2018 de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), montre une forte concentration des immigrés internationaux à Dakar. Selon le document, Dakar, la capitale du Sénégal, a une forte concentration de migrants, avec 57%. Elle est suivie de Ziguinchor qui en est à un taux de 6,7%. Dans cette dernière région, certaines femmes venues pour de supposées activités telles que le commerce ou les corvées domestiques, se retrouvent dans le travail de sexe. Entre sévices corporels et business pas lucratif comparé aux années précédentes à cause de l’attrait d’étudiantes d’une université privée, les filles de joie exercent leur métier en toute tranquillité à Ziguinchor.
Bar Chez Laurent ! Peu après 19 heures dans la soirée du 3 décembre, l’ambiance et au rendez-vous. C’est un bar situé au quartier Lindiane. Niché au bout d’une ruelle mal éclairée, il attire du fait de son animation avec de la musique à flot. Le seuil de la porte franchi, il se découvre à travers ses installations. Des sièges dans la cour, d’autres à l’arrière de la salle, les clients sont présents. L’odeur de la cigarette mêlée aux lampes clignotantes, plonge le visiteur dans l’ambiance des lieux fréquentés par les adeptes de la belle vie.
Assise à l’entrée, l’air insouciant, «Nadia», c’est l’appellation des filles de joie d’origine nigériane dans la capitale du Sud, semble inattentive au vacarme qui l’entoure. Et pourtant, la réalité est toute autre ! Tout son intérêt, c’est de rencontrer un client. Habillée juste d’un top qui a du mal à dépasser ses fesses, elle s’est à peine couverte le corps, malgré sa forte corpulence. «Je suis venue au Sénégal, en février 2017. J’ai choisi le Sénégal et je ne regrette pas. J’ai moins de problème au Sénégal que même dans mon propre pays. Je ne peux pas exercer ce métier au Nigeria, auprès de mes parents», soutient-elle.
Depuis deux ans qu’elle est au Sénégal, les problèmes ne manquent pas. «J’ai été abusée. Mes bourreaux m’ont demandé de ne pas m’en complaindre. J’ai été battue. Je me suis retrouvée avec une jambe cassée pendant trois mois». Cependant, dit-elle, ce travail est meilleure que les corvées domestiques et lui permet de subvenir à ses besoins. «Si je cherche un travail domestique, on va me payer entre 30.000 et 40.000 par mois. Or, avec mon travail, je peux gagner plus. Si je dois faire autre que le travail de nuit, je préfère retourner dans mon pays. Je ne peux pas dire combien je gagne. Mai, cela me permets de bien vivre, payer mon logement et mes frais».
Mieux, ajoute-elle, avec ce qu’elle gagne, elle envoie de l’agent à sa famille. L’intégration n’est pas trop compliquée au Sénégal, à son avis. «Je ne suis pas indexée. Souvent, les gens veulent m’associer, mais il se pose une barrière linguistique. Je ne parle pas bien le wolof. Je n’ai pas de problème avec mon bailleur. L’essentiel, c’est juste de respecter le contrat à chaque fin de mois». Malgré tout, le souhait de cette Nigériane est d’abandonner ce travail pour être au chevet de son petit-frère. «Mes parents sont tous décédés à mon absence. Je ne souhaite que rentrer auprès de mon frère qui vit seul présentement».
LE TRAVAIL DE DOMESTIQUE, JUSTE UN ALIBI
N.F. est d’origine Bissau-guinéenne. Elle est «Péré-Péré», c’est la dénomination des filles de joie originaire de la Guinée-Bissau. Elle est au Sénégal depuis plusieurs années. Avec ses dreadlocks, sa langue percée, son regard perçant, elle fait des va-et-vient entre les tables. Bien dotée par la nature, sa petite robe peine à contenir son «postérieur». «Je suis au Sénégal depuis 2009. En venant au Sénégal, mon intention c’était de travailler comme domestique. Mais, après quelques mois, j’ai viré vers la prostitution. J’ai abandonné le travail de domestique parce que c’est pénible et ce n’est pas bien rémunéré», soutient-elle, avec une voix à peine audible à cause de la musique.
Le virement dans la prostitution est motivé, dit-elle, par l’influence de compatriotes qui gagnaient plus que ses revenus de femme de ménage. «Parfois, à la fin du mois, certaines patronnes me faisaient courir. Quand j’ai commencé à me familiariser avec la vie, surtout avec l’influence des compatriotes qui étaient déjà dans le milieu de la prostitution et qui gagnaient plus que mon salaire, j’ai changé de travail».
La vie de travailleuse de sexe n’est pas de tout repos, pour elle. Entre disputes, récurrents déménagements, cachoteries, N.F. tente vaille que vaille de survivre dans la jungle des «belles-de-nuit». «Il m’arrive de me disputer avec mes ‘’collègues’’. Mais, si les échanges commencent à être tendus, je vide les lieux. Aussi, je déménage beaucoup. Après avoir habité quelques parts, si beaucoup de gens commencent à se rendre compte du travail que j’exerce, je change d’habitation. Au début, j’étais à Bignona ; après, j’ai migré vers Ziguinchor où j’ai habité la première fois que je suis venue au Sénégal».
Du fait des caractéristiques, contraintes et réalités de son métier, elle ne veut plus avoir à faire avec des proches, sauf celles avec qui elle partage le milieu. «Maintenant, je ne fréquente pas régulièrement mes parents. Jadis, j’hébergeais des filles. Mais, à cause des querelles, j’ai fini par y renoncer. Maintenant, quiconque souhaite venir habiter chez-moi, je lui dis que je voyage».
Ses activités ne sont pas connues de ses parents. Du moins, c’est son avis. «Mes parents ne savent pas ce que je fais comme travail. Jamais je ne le leur dirai». Le travail de sexe lui procurait des revenus conséquents à ses débuts. Mais présentement, le marché est saturé et le gain n’est pas consistant. «Le travail n’est pas très lucratif. Les clients ne viennent pas en masse et l’argent ne circule plus. Je ne sais pas si c’est dû au nombre élevé de travailleuses (de sexe), en ce moment. Maintenant, il y a plus de travailleuse de sexe qu’auparavant», constate-t-elle.
Les abus, la maltraitance, la Péré-Péré en a connu. Son attitude face à ces problèmes, c’est de faire face ou de prendre la poudre d’escampette. «Parfois, je rencontre des gens qui veulent abuser de ma personne, mais je me défends. Je n’accepte pas de dispute. Quand les échanges commencent à être tendus et que je sente que je ne pourrai pas faire face, je fuis».
ETRE SEXY, A N’IMPORTE QUEL PRIX
Le mode d’habillement indécent semble être un code chez les travailleuses de sexe. Aucune fille parmi toutes celles rencontrées ou presque n’avaient mis un pantalon ou quelque chose d’assez décent. Juste une petite couverture, qui laisse apparaitre des cuisses très claires ou un corps bien garni dont le moindre mouvement fait attirer le regard, suffit.
Autre place, même constat ! Nous sommes au bar Nakabi situé à Tillène, il est à l’intérieur de ce quartier de Ziguinchor. La pénombre qui sévit dans la ville de Ziguinchor aidant, le lieu semble être un «no man’s land». Et même le taximan du jour n’a pas voulu se pencher sur la question. «L’appellation du bar, que signifie Nakabi ? Est-ce du Macagne ?» «Je n’en sais rien, répond-il, sur un ton sec». Les nombreuses motos Jakarta stationnées à l’entrée, renseignent sur sa très grande fréquentation.
Les travailleuses de sexe y sont présentes. Elles sont à l’entrée du bar, vêtues presque toutes de petites robes qui dépassent à peine les parties intimes. Contrairement à celles rencontrées à Chez Laurent à Lindiane, celles trouvées au Nakabi (à Tillène) sont jeunes, très jeunes, en attestent les trais de leurs visages. Assises en groupes formées par nationalités, elles discutent à haute voix. La plupart d’entre elles sont des étudiantes, confie un habitué du coin. Nakabi est très large. Il y a des sièges presque partout.
Trouvée assise, seule à l’entrée du bar, B.G. n’est pas de ce vacarme qui accompagne la discussion de ses collègues. Elle est d’origine ghanéenne. A notre passage, ce jour-là, ses compatriotes n’y étaient pas encore. N’empêche, elle est dans son milieu, à l’attente de clients. Les boissons sucrées ne sont de ses habitudes. «Je n’en prends pas», dit-elle, répondant à notre invite pour un échange autour d’une table. Sa boisson, c’est du «Gin» dont la petite portion, vendue dans une tasse jetable, coûte 500 F CFA. L’évocation de son métier la met mal à l’aise et elle ne s’en cache pas. «Je suis venue au Sénégal pour étudier. Et je me demande si c’est interdit que je fasse autre chose. Je n’ai pas de problème avec mon travail», répond-elle sur un ton sec.
DES FILLES ABUSEES, MAIS OBLIGEES D’ETRE STOÏQUES
Moulin Rouge, dans le quartier Yamatogne ! Un autre bar, même décor, avec une musique de Youssou Ndour qui égaye l’assistance. Sous les jeux de lumières des lampes multicolores. Les filles de joie sont assises à l’arrière de la salle, en file indienne. «Toutes celles que tu vois là, sont à la recherche de clients», argue un jeune homme rencontré sur place.
L.G., une jeune femme âgée de 27 ans est venue de la Guinée-Bissau pour s’adonner au travail de sexe. Une activité qu’elle couvre par la pratique du petit commerce pour obtenir l’autorisation de ses parents à venir s’installer dans la capitale du Sud. «Je suis venue à Ziguinchor en octobre 2018. Je suis retournée à Bissau. Ma famille est à Bissau et faire ce genre de travail là-bas n’est pas du tout respectueux. En quittant Bissau, j’ai amené avec moi de l’huile de palme pour la vendre. Mais, j’ai arrêté ça, pour m’adonner au travail de sexe».
Divorcée et mère de deux enfants, elle compte sur son activité, soutient-elle, pour l’éducation de sa progéniture. «Avec l’argent que je gagne ici, je paye la scolarité de mes enfants. Je donne aussi de l’argent à mes parents». Les sévices corporels et les abus sont le lot quotidien des problèmes qu’elle vit, avec stoïcisme. «Parfois, je passe du bon temps avec un homme, après il me crée des histoires, il me frappe, il ne me paie ou s’empare de mon argent ou de mon téléphone».
Le comble dans ce genre d’activités, c’est aussi que les victimes ont très souvent peur de porter plainte, souligne-t-elle. «Souvent, j’ai peur d’aller à la Police. En plus, on ne connait pas le lieu de résidence de notre bourreau. Donc, l’ester en justice s’avère difficile». L’autre souci, soutient la travailleuse de sexe, c’est que certains hommes prennent des aphrodisiaques avant de passer à l’acte. Conséquence, elles sortent des rapports sexuels totalement exténuées par le client. Pour exercer son travail, elle a pris l’option de ne pas vivre avec des proches.
Toutefois, l’arrivée massive de jeunes filles qui se prostituent dans la clandestinité n’est pas pour leur faciliter la tâche. Les recettes sont en baisse et la concurrence est rude. «Avant, je gagnais 30.000 à 40.000 F CFA, mais actuellement même si je m’en sort avec 10.000 ou 15.000 F CFA, c’est bon. Les filles sont nombreuses, surtout les Nigérianes. Certaines mêmes n’ont que 15 ans, or cela n’est pas normal. Et c’est risqué. Même nous qui sommes mures, nous sommes fatiguées. Imaginez ce que doit vivre une petite fille ? Les clients aussi préfèrent ces jeunes filles. Et pour cette année 2019, on note une arrivée massive de jeunes Nigérianes», a-t-elle soutenu. A l’en croire, le travail de sexe est un choix par défaut. «J’ai des enfants à nourrir. Mes revenus de commerçantes ne me permettaient pas de couvrir mes besoins. Je songe vraiement à quitter ce milieux, si je trouve mieux».
STRATEGIE DES NIGERIANES… POUR FAIRE FACE A LA CONCURRENCE
Clin d’œil, c’est aussi le nom d’un bar fréquenté par les travailleuses de sexe. Ouvert au quartier Santhiaba, les habitants de Ziguinchor ont fini par faire du coin un repère de «belle-de-nuit». Elles sont assises à l’entrée, des boissons alcoolisées sur la table. Mieux, le bar Clin d’œil est attrayant. Situé en plein centre du quartier, il est à certaines heures de la nuit d’une affluence monstre. «Il faut faire attention. Tu risques d’y être agressée», nous prévient le journaliste Ibrahima Gassama.
Les étrangères professionnelles de sexes ont fini par être la marque de choix dans certains quartiers de Ziguinchor. Elles prennent ne location des appartements, à défaut des chambres, qui servent d’habitations mais aussi de chambres de passe. La location est prise en charge par le nombre d’occupants. Il suffit juste d’un matelas et quelques ustensiles de cuisine et le tour est joué. «Elles préfèrent les quartiers de Tilléne, Goumel, Kandjalan. En somme, les quartiers qui ne sont pas peuplés», soutient la Badiénou Gokh régionale de Ziguinchor, Fatou Cissé.
Les filles viennent principalement de la Guinée-Bissau dont la frontière avec le Sénégal, Mpack, est à seulement un peu plus d’une dizaine de kilomètres. Le coût du transport, de Mpack à Ziguinchor, est de 500 F CFA en taxi clandos et 250 F CFA pour les minibus Tata. L’immigration vers la région sud est devenue importante, plusieurs nationalités y sont rencontrées. Dans le milieu des travailleuses de sexe, la concurrence est très rude à Ziguinchor, surtout depuis l’arrivée de nouvelles vagues de migrants notamment les Nigérianes.
Ainsi donc, pour mieux attirer la clientèle, les travailleuses de sexe ont développé une stratégie leur permettant de mieux tirer profit de leur job. Le procédé, explique-t-on, c’est que ces dernières ont créé un système visant à rendre la passe moins couteuse. Alors que la passe était de 5000 F CFA l’heure, maintenant toutes les offres sont bonnes. Les filles se donnent aux clients moyennent 2000 F CFA, 1500 F CFA et parfois même 1000 F CFA la passe.
PROXENETISME ET TRAITE DES PERSONNES
Fatou Cissé est la Badiénou Gokh régionale de Ziguinchor. Dans la soirée du 6 décembre, elle nous reçoit à son domicile, à Colobane, non loin du Collège Saint Charles Lwanga. Les migrantes travailleuses de sexe, elle en est au courant. Mieux, précise-telle, la pratique est devenue beaucoup plus récurrente ces dernières années. «Avec l’ouverture des universités privées, la pratique est devenue beaucoup plus accrue. Certaines filles l’exercent pour payer leur scolarité et subvenir à leurs besoins. Elles sont nombreuses aussi à déclarer qu’elles travaillent comme domestiques, mais, en réalité, elles sont des travailleuses de sexe. Des Bissau-guinéennes, des Nigérianes, pratiquement beaucoup de ressortissants de pays de la sous-région sont là.»
Fatou Cissé révèle qu’avec la prostitution, certains proxénètes abusent des jeunes filles. «En 2017, j’ai eu un cas. Un groupe déjà de jeunes Nigériannes présent à Ziguinchor a dit à une fille qu’un travail lui a été trouvé. Au moment de venir au Sénégal, la fille pensait que c’est un travail correcte. C’est une fois arrivée, qu’elle a constaté que c’est de la prostitution. Elle était forcée d’avoir des relations multiples avec des hommes. Au finish, elle a pris la fuite pour se réfugier chez les voisins qui ont contacté le chef de quartier qui a porté plainte. Quand j’ai été saisie, j’ai informé le parquet qui a ouvert une enquête. 3 personnes ont été arrêtées par la suite».
Pour rappel, en mai 2016, quatre filles d’origine Bissau-guinéennes avaient été attraites à la barre du Tribunal de grande instance de Ziguinchor pour répondre des délits de prostitution clandestine, non inscription au fichier sanitaire et social et défaut de carnet sanitaire. Face à cette situation de vulnérablité, la Badiénou Gokh trouve que les autorités locales doivent prendre des mesures pour lutter contre la présence des travailleuses de sexe. Il s’agit, dit-elle, de faire un contrôle régulier des bars et auberges et autres lieux de fréquentation des travailleuses de sexe. La Badienou Gokh demande également aux populations de Ziguinchor de dénoncer tout comportement qui peut porter atteinte à l’image de la région. Selon elle, la pratique du travail de sexe par des ressortissantes de la région, peut consituer un influence négative.
EXERCICE LEGAL DE LA PROSTITUTION : 274 personnes régulièrement suivies par les services sanitaires
Pour effectuer le travail de sexe légalement, il faut un carnet de santé délivré par les autorités médicales et faire la visite régulièrement. Pour le moment, informe l’infirmière chef du poste de santé, Angélique Bassène, 274 personnes sont régulièrement suivies dans toute la région. Colette Senghor est le centre de santé de référence pour traiter les infections sexuellement transmissibles (Ist) à Ziguinchor. Les lieux de consultation ne sont pas différenciés pour éviter la stigmatisation des travailleuses de sexe. Angélique Bassène signale qu’il y a aussi des centres de consultation secondaire au Cap Skiring, à Kafountine, à Bignona, à Abéné et à Elinkine.
LE PAIEMENT DES FRAIS MEDICAUX FAIT FUIR LES CLANDESTINES
Le problème dans la prise en charge sanitaire des travailleuses de sexe, c’est au niveau de celles qui exercent dans la clandestinité. Elles ne se présentent pas au niveau des services sanitaires pour diverses raisons. La peur d’être connue comme travailleuse de sexe, mais aussi il ya l’absence de moyens pour prendre en charge les frais médicaux. Dans la passé, explique Angélique Bassène, des médicaments étaient donnés par Enda gratuitement, à travers le Fonds mondial, à tout membre de la cible soufrant de maladie sexuellement transmissible qui n’a pas de quoi acheter des médicaments.
Mieux, il y avait aussi des cliniques mobiles pour consulter les clandestines. Mais, regrette-t-elle depuis l’arrêt de ce projet, certaines travailleuses de sexe qui opérent dans la clandestinité n’ont plus accés aux soins. Une difficulté que vivent aussi les ressortissantes étrangéres.
Les oficielles, elles, sont obligées de faire un suivi régulier des visites. Or, précise l’infirmière chef de poste, l’inscription pour le carnet de santé et volontaire. En conséquence, les professionnels du sexe ne sont pas forcés à ouvrir des dossiers. La cause de cette clandestinité, soutient Angélique Basséne, c’est que certaines ignorent ce qui est prévu par la loi, d’autres, par contre, estiment que si elles ont des carnets, leur travail sera connu. Il y a aussi les inaptes à pratiquer le travail de sexe. Ce sont les jeunes filles âgées de moins de 21 ans.
La présence de filles étrangères dans l’exercice de la prostitution est connue des services de santé. «Les étrangères travailleuses de sexe sont principalement des Bissau-guinéennes, des Guinéennes de Conakry, des Gambiennes, des Libériennes, des Sierra Léonaises…» Cependant, précise Angélique Bassène, cette année est marquée par la présence massive de Nigérianes. «Au temps, c’était les Bissau-guinéennes, mais actuellement, les nigérianes sont beaucoup plus nombreuses, pour cette année 2019».
Pour l’infirmière chef de poste de Colette Senghor, certaines pratiquent le travail de sexe jusqu’à l’âge de 60 ans, mais les 21 – 30 ans sont beaucoup plus nombreuses dans l’exercice du métier. Les moins de 21 ans, elles, ne fréquentent pas le centre de santé, car elles exercent dans la clandestinité. La requérante du carnet sanitaire, s’elle est d’origine sénégalais, doit déposer 2 (deux) copies de pièces d’identité nationale plus 4 photos. Des documents auxquels il doit joindre un agreement du formulaire de consentement et des analyses médicales. Les étrangères devront, à la place de la carte d’identité nationale, joindre une copie de leurs passeports.
DES ETUDIANTES SE PROSTITUENT POUR… VIVRE
Des étudiantes venues de la sous-région s’adonnent à la prostitution pour vivre, informe le point focal VIH de la région médicale de Ziguinchor, Maïmouna Gueye Tall. «Actuellement, il y a des étudiantes qui ont des besoins existentiels. Elles n’ont pas de bourse et se prostituent pour satisfaire leurs besoins».
Parlant toujours de la prostitution, Maïmouna Gueye Tall, précise que les étrangères ne sont pas les seules dans le métier et à l’exercer dans la clandestinité. «De manière générale, les travailleuses de sexe, il n’y pas d’âge. Mais il y a beaucoup de jeunes. Et, parlant de la clandestinité, c’est plus les originaires de la région. Une personne avec multi rapports sexuels, c’est de la prostitution clandestine, même si elle n’est pas dans les campements et autres», explique-t-elle.
Il y a aussi des femmes mariées qui s’adonnent à cette activité clandestinement, ajoute-t-elle. «Elles ne peuvent pas avoir de cartes. On ne peut pas être mariée et se déclarer être une prostituée qui doit être suivie». Comme facteurs expliquant la prostitution, il y a la pauvreté dans la région, la présence d’activités telles que la pêche et le tourisme. Des activités qui font courir les travailleuses de sexe.
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