DISTRIBUTION DES VIVRES: SOUPÇONS DE MICMAC
La distribution des vivres aux ménages impactés par le covid-19 va faire grand bruit les jours à venir. Au-delà de la polémique sur les appels d’offres, le coût du transport, il y a la distribution des denrées sur le terrain qui pose problème.
a distribution des vivres aux ménages impactés par le covid-19 va faire grand bruit les jours à venir. Au-delà de la polémique sur les appels d’offres, le coût du transport, il y a la distribution des denrées sur le terrain qui pose problème.
A priori, le gouvernement veut s’appuyer sur le Registre national unique (Rnu), un document issu de larges concertations sous la direction de l’Agence nationale des statistiques (Ansd). Sauf que ce fameux Rnu comporte plusieurs incongruités qui jurent d’avec la transparence qui doit être le viatique de cette opération. Sinon comment comprendre, dans certaines localités, que le nombre de ménages dit vulnérables soit supérieur au nombre d’inscrits sur le Registre national unique ?
A la lecture du document qui circule sur le net, on est frappé par cet impair qui ajoute une couche sombre au parfum de micmac qui se répand dans l’atmosphère autour de la distribution des vivres. La lueur d’espoir née du choix de l’armée s’est vite estompée, laissant place à un vent de suspicion, légitime du reste.
A l’intérieur du pays, au Fouta, dans le Sénégal oriental, dans le Fouladou, on a parfois frôlé des affrontements. A Missirah, département de Tamba, les chefs de village ont reçu une lettre du maire les appelant à sélectionner des familles devant bénéficier de cette aide. Les deux villages les plus peuplés (Tessan et Bidiancoto) ont été sommés de sélectionner respectivement 30 et 20 familles sur des centaines de ménages vulnérables.
Pour les autres villages et hameaux moins peuplés, c’est 8 ou 10 ménages qui doivent être sélectionnés. Conséquence : devant l’impossible compromis, certains ont rejeté les vivres. Ailleurs, à Niaoulin Tanou par exemple, la réunion pour le choix de 8 bénéficiaires a failli virer aux affrontements. Dire que la situation est électrique relève d’un euphémisme. Bref, c’est à se demander quel est le rôle de l’Armée dans cette opération ? Qui plus est, pourquoi demander aux chefs de village de choisir des ménages vulnérables si tant est que le Rnu identifie déjà les ayants droit.
L’absence de transparence sur les opérations risque d’annihiler l’ingénieuse idée d’appuyer les impactés du covid-19 et pire, de déboucher, à l’image du Kenya, sur des affrontements. N’est-ce pas René de Chateaubriand qui disait : ventre affamé n’a point d’oreille mais un sacré nez.
Amadou Ba, l’As
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