Contentieux Senelec – Akilee : Macky a demandé de casser le contrat

Recevant plusieurs autorités impliquées dans le dossier opposant la Senelec à son partenaire fournisseur, le Président Macky Sall a fait comprendre à tous qu’il n’était pas question que la Senelec en vienne à appliquer le contrat avec Akilee. Makhtar Cissé, qui en tant que Dg de Senelec avait signé le contrat, veillera en tant que ministre à le dénoncer. Une ironie Makyavellique !

Les promoteurs d’Akilee doivent sans doute, depuis hier, songer à comment rebondir dans un environnement économique et social devenu fortement hostile à leur entreprise. Ils auront certainement appris, comme Le Quotidien, que le Président Macky Sall a affiché son opposition nette à voir le contrat Senelec-Akilee entrer en vigueur dans ses formes actuelles.
En effet, le président de la République a reçu hier le secrétaire général de la Présidence, M. Dionne, en compagnie des ministres des Finances et du budget, de l’Energie et du pétrole, du Pca et du directeur général de la Senelec, ainsi que de l’Agent judiciaire de l’Etat. Tout ce monde était réuni pour discuter du fameux contrat entre Senelec et son partenaire Akilee. Dès l’entame, il a été clair pour tous que la position du chef de l’Exécutif était nette : pas question que Senelec se charge d’appliquer ce contrat. A tous les protagonistes, il ajoutera même : «Arrêtez de vous épancher dans la presse, ce contrat ne sera pas appliqué !»
Cela a dû être une douche froide pour le ministre Makhtar Cissé qui, on se rappelle, en sa qualité de directeur général de la Senelec, avait négocié ce fameux contrat, signé et entamé de le mettre en œuvre, notamment en faisant débloquer pour le compte d’Akilee, et ce, deux jours avant de quitter les bureaux de la rue Vincens, le montant de 2,7 milliards de francs Cfa, en avance sur prestations, pour la livraison des compteurs. Le ministre a voulu justifier sa signature en faisant croire que c’était, en son temps, «un contrat novateur et le meilleur moyen de préserver les intérêts du Sénégal». Mais le Pca Khalifa Dia a douché son enthousiasme en affirmant que le contrat qu’il avait vu ne lui semblait pas conforme aux intérêts de la Senelec. Ce à quoi le Sg Boun Abdallah Dionne a voulu couper la poire en deux, en proposant qu’au lieu de casser le contrat, on réduise la part de marché d’Akilee à 20%, et que Senelec garde les 80% du marché. Ce à quoi l’Aje Antoine Diome répliquera que le contrat en question était «aux antipodes du droit et des intérêts du Sénégal».
Le Président abondera dans le même sens pour dire qu’il avait le même sentiment. Et dans ces conditions, Macky Sall n’a pas laissé d’alternatives aux personnes présentes. Le Président a indiqué qu’il pourrait être proposé aux dirigeants d’Akilee de leur racheter leurs parts, afin de fusionner leur entreprise dans Senelec, afin qu’elle devienne enfin et véritablement une filiale de la compagnie nationale d’électricité. Et si d’aventure cette proposition n’agréait pas Akilee, le Président n’a pas écarté l’idée d’aller en contentieux, en résiliant purement et simplement le contrat. Pour Macky, dans cette affaire, le gouvernement devrait apporter à Senelec «un soutien total, clair et sans équivoque».
Cette ligne tracée, les différents acteurs de l’affaire ont quitté le chef de l’Etat pour, en ce qui concerne les deux ministres, Abdoulaye Daouda Diallo et Makhtar Cissé, retrouver rapidement avec le directeur Papa Mademba Bitèye, afin d’étudier ensemble les modalités de mise en œuvre de manière concrètes les directives présidentielles.
A moins de développement inattendu, on peut imaginer que cette sortie de Macky Sall est le point d’orgue de cette affaire qui, à côté du coronavirus, a fortement rendu irrespirable l’air de Dakar ces derniers mois. Elle vient aussi conclure de manière nette les actes – ou non-actes – que le Président a posés depuis l’éclatement de l’affaire Akilee. Un journal s’était même permis d’avancer que le silence du chef de l’Etat, quand un Dg de société publique se permettait de détricoter l’œuvre de son prédécesseur et ministre de tutelle de surcroît, était «électrique». Le Quotidien a toujours estimé que le fait que Papa Mademba Bitèye ait continué de poser ces actes de gestion sans être rappelé à l’ordre était le signe qu’il avait une onction supérieure à celle de son ministre de tutelle. Cela a été parfaitement illustré hier. La tâche la plus pénible incombera certainement au ministre Cissé, chargé aujourd’hui de démonter l’œuvre qu’il avait construite en tant que dirigeant de Senelec. Une vraie ironie machiavélique !

Le Quotidien

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