Niger : Sollicité pour un 3e mandat, Issoufou emprisonne ses partisans

Dans une Afrique où la tentation de conservation du pouvoir fait rage, le cas nigérien mérite qu’on s’y attarde quelque peu. Le Président Mahamadou Issoufou a fait enfermer deux de ses partisans qui l’appelaient à briguer un 3e mandat.

Mahamadou Issoufou a décidé de ne pas briguer un troisième mandat à la présidence du Niger. Le Président nigérien a pour ce faire désigné comme dauphin Mohamed Bazoum pour l’élection présidentielle de 2021. Aussi, quelles que soient les circonstances qui pourraient s’y prêter, l’homme fort de Niamey n’est nullement prêt à faire un rétropédalage pour rempiler pour un mandat supplémentaire. Deux de ses partisans qui ont voulu dérouter le Président Issoufou l’ont d’ailleurs appris à leurs dépens.

En effet, deux acteurs de la société civile nigérienne ont été arrêtés, jugés et condamnés, en juin 2018, pour avoir appelé, via les réseaux sociaux, Mahamadou Issoufou à se présenter pour un 3e mandat. « Nous sommes de jeunes citoyens qui ont apprécié pendant huit ans les actions de développement du président Issoufou Mahamadou », s’étaient-ils justifiés. Mais leur proposition « anticonstitutionnelle » leur a coûté leur incarcération.

À ce sujet, le président nigérien ne cesse de déclaré à qui veut l’entendre : « Un troisième mandat au Niger signifie un coup d’État. Nous sommes un parti qui a comme ambition de stabiliser le pays pour progresser. » Puis, il ajoute : « J’ai beau chercher, je ne trouve aucun argument qui justifierait que je me sente irremplaçable ou providentiel. Nous sommes 22 millions de Nigériens, pourquoi aurais-je l’arrogance de croire que nul ne peut me remplacer ? »

Cette décision irréversible du Président Issoufou laisse le journaliste Serge Bilé totalement pantois. « Un président africain qui emprisonne ses opposants, c’est malheureusement monnaie courante. Un président africain qui emprisonne ses propres partisans, c’est beaucoup plus rare. Un président africain qui emprisonne de fervents supporters, parce qu’ils l’ont supplié de rempiler pour un troisième mandat, ça n’existe pas, excepté au Niger », a déclaré le présentateur vedette de RFO.

Comparaison n’est certes pas raison, mais en Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara est revenu sur sa décision de passer la main à une nouvelle génération après le décès d’Amadou Gon Coulibaly, son dauphin désigné. Cette candidature du chef de l’État ivoirien est d’ailleurs contestée par l’opposition qui a organisé de nombreuses manifestations à travers le pays.

afrique/7

Les commentaires sont fermés.