Une entreprise tente de créer du lait maternel artificiel

L’initiative d’une start-up basée à Singapour pourrait offrir aux bébés non allaités les bienfaits de cet aliment.

Au Royaume-Uni et aux États-Unis, 20% des femmes n’allaitent pas leur nourrisson à la naissance –par choix ou contrainte. De nombreux nouveaux-nés sont nourris exclusivement avec du lait maternisé car il n’y a pas toujours d’alternative naturelle à portée de main.

Le lait industriel est pourtant dépourvu des propriétés du lait maternel, naturellement riche en nutriments bénéfiques au système immunitaire des bébés, à leur système gastro-intestinal et à leur QI.

Du lait maternel en éprouvette

Une start-up singapourienne, TurtleTree Labs, a décidé d’aider les parents en testant une méthode pour répliquer le lait maternel, de façon artificielle. L’entreprise commence par prélever des cellules souches dans le lait maternel de donneuses et les multiplie, avant de les mettre dans un liquide de croissance à l’intérieur d’un bioréacteur à fibres creuses. «Le processus complet prend trois semaines et les cellules mammaires peuvent lacter pendant environ 200 jours», expose Fengru Lin, la créatrice de l’entreprise.

En plus d’être bon pour la santé des bébés puisque naturel, le lait maternel évolue suivant leurs besoins au fur et à mesure de leur croissance. «Le lait humain s’adapte en fonction de la génétique de la mère et du bébé, de l’environnement dans lequel ils vivent, de la géographie, de la saison et même de la température du jour –c’est dire combien le lait humain est adapté», remarque Natalie Schenker, chercheuse spécialisée sur le lait maternel.

Le lait maternisé a pourtant connu de véritables avancées durant les deux dernières décennies, mais il est encore dépourvu de tous les nutriments offerts par le lait maternel –surtout parce que sa composition est basée sur le lait de vache, et non le lait produit par l’être humain. «Les deux contiennent principalement le même type de molécules mais dans des proportions différentes, et la différence de ces niveaux est très significative sur le plan physiologique», explique Alan Kelly, spécialiste de l’alimentation.

Un projet encore perfectible

Le coût environnemental du lait en poudre est aussi à prendre en considération. On utilise en moyenne 4.700 litres d’eau pour produire un kilogramme de lait maternisé. Pour ne rien arranger, il contient très souvent de l’huile de palme, un composant dangereux pour la planète.

La technique de réplique du lait maternel est source d’espoir car elle pourrait théoriquement être étendue à tous les mammifères: l’expérience, qui a été réalisée avec du lait de vache, a été couronnée de succès. Le processus complet devrait être testé avec du lait humain prochainement.

Il reste tout de même du chemin à parcourir avant de voir le produit commercialisé. La production pourrait être coûteuse et il faudrait trouver un moyen de fabriquer le lait en grande quantité et à un prix abordable, afin de toucher une large clientèle. Sa conservation fait également débat: le congeler ou le réduire en poudre pourrait en altérer les propriétés. Enfin, il faudra trouver un moyen sans danger de tester ce lait auprès des nourrissons.

slate.fr

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