“L’ami dont l’aventure n’est pas ambiguë”, par Elimane Haby KANE.

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CONTRIBUTION – Lu pour vous: Le protocole de l’Elysée. Confidences d’un ancien ministre sénégalais du pétrole, de Thierno Alassane Sall

“L’ami dont l’aventure n’est pas ambiguë”,  par Elimane Haby KANE.

« En m’engageant en politique, je m’étais fait le serment de ne jamais permettre à aucune force de me voler les idéaux qui m’ont poussé dans cette voie où beaucoup se sont perdus. Et si, selon Goethe, nul ne se perd sur le droit chemin, le chemin de la politique est droit pour peu qu’on ait pour boussole les intérêts de la République ». Thierno Alassane Sall a démontré tout au long de son  livre qu’il est un homme dont les principes constituent une boussole  qui a orienté son action tout le long de sa carrière politique pour faire respecter les valeurs républicaines contre l’adversité faite de combines et complots qui semblent être la règle dans cette arène digne de Ndoumbèlane. Il a ainsi appris à ces dépens, mais tout à son honneur, que dans la jungle, les prédateurs font la loi et soumettent toutes les proies faciles.

Dans ce livre de 497 pages agencés dans 18 chapitres, l’ancien ministre nous fait des confidences pas seulement sur la gestion du pétrole, mais sur la continuité d’une mafia installée au cœur de l’Etat qui use et abuse de la loi pour manipuler la commande et les ressources publiques à des fins privées. Une vendetta qui passe par le pillage et l’accaparement des réserves foncières au profit d »une caste de politiciens et d’hommes d’affaires, l’attribution dans des conditions nébuleuses de marchés de grandes infrastructures, des abus concernant des procédures d’entente directe, occasionnant le gonflement de la dette et l’absence de planification budgétaire, remettant ainsi le principe de transparence des marchés publics et l’utilité même de  l’ARMP aux calendes grecques. Dans ce livre, T.A.S.  démontre avec précision et preuves à l’appui, la haute trahison de l’élite au pouvoir, à travers une incurie arrogante, une audace irresponsable dans les prises décisions, une mégalomanie présidentialiste, un vol orchestré du patrimoine national, un pillage des ressources, une corruption devenue industrielle depuis 2000. Des «farberies» (frasques de Farba Senghor, rustre ministre du régime de Wade) contre l’Asecna au protocole de l’Elysée, T.A.S. nous dépeint la hideuse face d’une certaine  élite aux pouvoirs prête à tout pour des sinécures et l’assouvissement de désirs égotistes sur le bien public.

A l’occasion, il s’offre en exemple, à ses avantages défendant, en se montrant digne des valeurs fondamentales tirées de son héritage culturel, tout en assumant son statut d’homme politique, engagé. Dans  le landerneau politique qui se révèle une marre à crocodile, il reste ferme sur les principes et comme veilleur sur la parole donnée au peuple. Ce peuple  qui a élu son candidat à la station présidentielle en 2012, après des mois de luttes citoyennes et de sacrifices en vies humaines. Une constance dans la rigueur et la probité morale qu’il s’applique et applique à son leader jusque dans les derniers retranchements de la manipulation politicienne et du dilatoire décisionnel. Une attitude qui lui a valu son énième disgrâce, par sa démission aux fonctions de ministre de l’énergie et du Pétrole le 2 Mai 2017, le jour où furent signés deux contrats pétroliers au profit de la multinationale Total.

Ce livre est un précis qui instruit sur la multitude de malversations et la gabegie au sommet de l’Etat, un vrai manuel de ce qu’il ne faut surtout pas faire, quand on a la responsabilité de gérer les affaires publiques. Mais il est également un référentiel du refus et de la constante résistance, sur la base des principes de vertu et de valeurs républicaines. Quand on refuse, on dit NON, avait proféré l’Almamy Samory Touré,  l’empereur du Wassoulou, et T.A.S. a su dire NON quand et où il le fallait, avant de  partager de manière opportune et responsable avec son peuple. Comme il le dit si bien l’ancien ministre ne trahi aucun secret d’Etat, il révèle le secret de ceux qui pillent l’état et agissent au nom et contre les intérêts du peuple. Et ça c’est une grande œuvre de salubrité publique et de patriotisme. Au-delà de l’actualité du protocole de l’Elysée, qui revient sur une entreprise de spoliation des ressources en hydrocarbures, ce livre est un document à lire et discuter pour une meilleure compréhension des enjeux de l’action politique et les  défis impératifs de  transformation du Sénégal. Il est aussi un vrai brûlot qui renseigne sur les turpitudes de l’élite au pouvoir depuis les indépendances, qui malheureusement n’épargne aucune institution: de ‘exécutif au judiciaire, l’ auteur démontre comment les remparts de l’Etat de droit ont cédé l’un après l’autre.

Après la faillite du dernier rempart, la justice, faut il espérer le sauvetage du bateau Sunugal en dérive par l’ultime rempart, un peuple conscient, informé et mobilisé pour arrêter l’incurie et la cupidité de l’élite politico-technocrate et remettre le pays sur les rails standards de la justice, l’équité et le progrès économique et social pour tous.

Depuis son expérience révoltante au cœur d’un Etat abusé, Thierno Alassane Sall a mille et une raison de fixer un rendez-vous avec la République des Valeurs ( RdV).Sur les sentiers vers le grand RdV, que tous les RESISTANTS

attendent, chantant avec le poète:

“A combative, à combattre

Jusqu’au dernier souffle…

Et comment voulez-vous que je me taise

Et Comment voulez-vous que je me soumette” ( Amadou Elimane KANE, L’ami dont l’aventure n’est pas ambiguë,).

Par Elimane Haby KANE.

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