Coronavirus : après la Maison Blanche, l’armée américaine touchée au cœur
Au lendemain du retour théâtral du président américain Donald Trump à la Maison-Blanche, après trois jours d’hospitalisation, l’ensemble de l’état-major américain s’est mis en quarantaine mardi après des réunions avec le numéro deux des gardes-côtes, qui a été testé positif au SARS-CoV-2. L’amiral Charles Ray avait participé le 27 septembre à une réunion à la Maison-Blanche en l’honneur des familles de médaillés américains.
Outre le chef d’état-major américain, le général Mark Milley, tous les plus hauts gradés américains sont à l’isolement: le numéro deux de l’état-major, les chefs de l’US Navy, de l’armée de terre, de l’US Air Force, de la Space Force, de la garde nationale, de l’agence de renseignements militaire NSA et celui des forces spéciales, selon un responsable du Pentagone ayant requis l’anonymat.
Ministre de la défense épargné
Le ministre de la Défense Mark Esper, qui effectuait la semaine dernière une tournée au Maghreb, ne s’est pas mis en quarantaine. Il a participé mardi à une conférence sur l’avenir de l’US Navy, organisée par un centre de réflexion spécialisé, le Center for Strategic and Budgetary Assessments (CSBA).
La conférence était retransmise sur l’application Zoom, mais M. Esper s’était déplacé dans les locaux du CSBA. Il n’a fait aucun commentaire sur la quarantaine qui affecte son état-major.
Le Pentagone a assuré dans un communiqué que le fait que les plus hauts gradés américains travaillent depuis leur résidence n’avait «pas d’impact sur le niveau de préparation ou les capacités opérationnelles de l’armée américaine».
De hauts responsables militaires soulignent en privé que le niveau d’alerte n’a pas été relevé après l’annonce de la maladie de Donald Trump, la semaine dernière.
Aucune menace décelée
Ils affirment qu’aucune menace nouvelle n’a été décelée, y compris de la part de l’Iran, depuis vendredi, lorsque le président américain a été testé positif au Covid-19. Il a ensuite passé trois nuits dans un hôpital militaire. Mais plusieurs voix se sont élevées pour souligner que les adversaires des Etats-unis pourraient profiter de la situation.
«La Chine pourrait décider maintenant de faire quelque chose à Hong Kong ou en mer de Chine méridionale, pendant que M. Trump se concentre sur sa santé», a ainsi indiqué l’ancien chef de la CIA John Brennan à la radio publique NPR. «La Russie pourrait faire quelque chose au Belarus ou dans un autre pays, profitant de ce qu’elle pourrait voir comme une opportunité», a-t-il ajouté.
Pour d’autres experts, ces pays pourraient hésiter à créer un incident susceptible de créer un rassemblement national autour de Donald Trump, comme cela avait été le cas après les attentats du 11 septembre 2001, qui avaient fait remonter la cote de popularité de George W. Bush.
«Faiblesses à exploiter»
«Certains adversaires pourraient penser que l’attention de l’Amérique est détournée et qu’ils pourraient en profiter», a indiqué au Washington Post Stephen Hadley, qui fut conseiller à la sécurité nationale de M. Bush. Mais une provocation «pourrait donner à M. Trump l’occasion d’être présidentiel, d’être le commandant en chef et renforcer sa popularité auprès du peuple américain», a-t-il ajouté.
«Je pense que c’est probablement ce que pense la Chine. Je pense que c’est même ce que pense [le président russe Vladimir, ndlr] Poutine, et je pense que c’est vrai pour les Iraniens», a poursuivi M. Hadley. Tous ces pays «vont probablement faire le gros dos et attendre de voir qui est élu» le 3 novembre, a-t-il conclu.
L’opposition démocrate a souligné le risque posé à la sécurité nationale américaine. «Notre armée peut fonctionner pendant que ses dirigeants sont en quarantaine, mais les conséquences en termes de sécurité nationale du comportement irresponsable du président ne peuvent être éludées», a jugé l’influent président de la commission des forces armées de la chambre des représentants, Adam Smith.
«Nos adversaires sont en permanence à la recherche des faiblesses à exploiter», a-t-il ajouté dans un communiqué. «Les tentatives pathétiques du président Trump de s’afficher comme fort ne leurre personne: les Américains savent qu’il est faible, de même que ceux qui nous veulent du tort». (ATS/NXP)