En Éthiopie, pendant Timkat, la ferveur orthodoxe même en temps de Covid-19 (1/2)

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Nous vous proposons une série de 2 reportages en Éthiopie, où la vie s’arrête le temps d’une journée, pour les célébrations de Timkat, la plus grande fête orthodoxe du pays – qui avait lieu ce mardi. Les Éthiopiens célèbrent le baptême de Jésus et l’Épiphanie en se rebaptisant eux-mêmes chaque année. Une tradition qui se déroule dans tout le pays, mais qui est particulièrement suivie à Gondar, l’ancienne capitale impériale éthiopienne. Même en temps de Covid-19, les célébrations attirent plus d’un million de personnes dans la ville.

Tout au long de la nuit, les Bains de Fasiladas sont entourés de milliers de croyants. Au premier rang, les prêtres orthodoxes de la ville veillent, prient et bénissent l’eau qui remplit les Thermes, avant que des milliers d’Éthiopiens viennent s’y jeter pour s’y baptiser de nouveau, comme Habtamu Geremu. « C’est tellement bon de se faire baptiser. C’était vraiment extraordinaire, ça permet de nous débarrasser de nos pêchés. C’est très spécial et très important de retourner dans l’eau chaque année pour se rappeler le baptême de Jésus », explique-t-il.

Les Thermes de Fasiladas, classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, accueillent le temps de la fête de Timkat les répliques de l’Arche d’Alliance disséminés dans la ville de Gondar. Une longue procession a lieu pour les acheminer du centre-ville jusqu’aux bains. Procession suivie par toute la ville ainsi que des Éthiopiens venus spécialement pour l’occasion. Simon a fait le déplacement depuis la Suède. « C’est l’un des événements les plus importants en Éthiopie, précise-t-il. C’est la première fois que je viens le faire ici. Et comme vous pouvez le voir, c’est incroyable. Tout le monde se rassemble, prend plaisir. C’est ce qu’on appelle Desta en amharique. Ça signifie le bonheur. »

Outre l’aspect religieux extrêmement présent dans ce pays très pieux, la tradition veut que Timkat soit aussi l’occasion rêvée pour les jeunes hommes et femmes de trouver l’amour… « C’est une tradition ancienne. Vous lancez des citrons. Si vous l’envoyez sur quelqu’un, cela signifie que vous l’aimez. Je l’ai pas encore fait mais j’aimerai en envoyer à beaucoup de personnes », confie Simon.

Une baisse des touristes compensée par la diaspora

Ici, pas de masques. Pourtant le coronavirus progresse en Éthiopie, les célébrations continuent comme à l’accoutumée, assure Keruse Aderajew, un festivalier originaire de la ville. « On n’a pas peur du coronavirus en Éthiopie car nous sommes bénis grâce à notre foi. Nous croyons en Dieu. Vraiment, ici, 99% des gens croient en Dieu. Donc nous ne craignons pas le virus », justifie-t-il.

Habituelle vitrine touristique de la ville, Timkat est néanmoins pénalisée, reconnaît le maire de la ville Molla Melkamu. Aucun touriste à l’horizon : « le nombre de touristes étrangers s’est effondré évidemment à cause du Covid, mais, d’un autre coté, un grand nombre de membres de la diaspora éthiopienne est venue célébrer Timkat. Ils sont même plus que l’an dernier. »

Au-delà de la cérémonie, beaucoup de croyants célébraient une autre fête, celle de la victoire contre le parti dissident du TPLF au Tigré, qui se trouve à seulement 100 kilomètres de là.

rfi

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