Tapha Gaye : « Nous n’avons pas l’ambition d’aller prendre la coupe à Yaoundé »
Le sélectionneur de l’équipe nationale de basket (fille) a dévoilé la liste des 12 lionnes sélectionnées pour l’Afrobasket qui aura lieu au Cameroun. Pour le sélectionneur, lui et son groupe seront à Yaoundé pour bâtir quelque chose pour le futur.
Critères de sélection
« Les choix ont été très difficiles. Mais nous avons pensé au critère habituel, le savoir faire la compétence, la complémentarité entre les joueuses et l’état d’esprit. Voilà les critères essentiels qui ont prévalu au moment de faire la liste. Il fallait également penser à apporter du sang neuf dans cette équipe. A l’image de ce qu’on fait les garçons, je pense qu’il est important au Sénégal qu’on commence un rajeunissement progressif de nos effectifs. Ceux et celles qui ont été les années passées ont vraiment les honneurs du pays de la République. Je pense qu’on est arrivé à un moment de renouveler nos effectifs afin de donner la chance au plus jeune pour qu’elles puissent écrire leur propre histoire. Avec la fédération, nous avons jugé d’avoir un objectif podium. Car cette génération est en train de partir progressivement et une autre arrive. C’est la croisée des chemins. Nous allons prendre le temps de construire dans la durée. Au Sénégal, on est trop dans l’instabilité. Il faut travailler dans la stabilité et essayer de promouvoir un peu la durée. Pour parler de ça, il faut donner la place au jeune. Cela peut paraître pessimiste mais je dirais non. C’est exagéré. Nous sommes très optimistes et nous allons toujours en compétition avec l’intention d’avoir le meilleur résultat possible. Étant donné qu’une victoire finale ne se décrète pas. C’est un processus et nous savons et nous croyons dur comme fer qu’une fédération est arrivée en fin de parcours et qu’il faudra mettre en chantier une autre équipe qui dans le moyen terme pourrait nous valoir beaucoup de satisfaction ».
Matchs de préparation
« Nous sommes vraiment dans l’embarra. Nous avons des problèmes pour jouer un tournoi international. On l’avait souhaité, au moment où on faisait le tournoi pour les garçons, on avait la même configuration pour les filles. Nous avons lancé des invitations à l’Angola, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Cap Vert et la Guinée. Le Cap Vert avait donné son accord jusqu’à avant-hier et il a désisté. Avec les incidents de la Guinée, la Côte d’Ivoire n’a pas donné suite. Pour le Mali, les responsables ont dit que le détail était trop court. Nous n’avons pas eu de réaction pour l’Angola. Cela veut dire que nous sommes sans tournoi. C’est une situation difficile pour nous parce qu’on souhaitait évaluer les joueuses avant d’aller à l’Afrobasket mais à cause du Covid ou des problèmes budgétaires c’est impossible. Mais par contre nous sommes en train de mettre en place une équipe nationale locale avec qui on va jouer deux matchs ce weekend à Arena ou à Marius Ndiaye.
Manque d’expérience de l’équipe
« Ça sera forcément un handicap pour nous. Mais cela peut être un avantage. Si nous prenons en compte ce que nous voulons faire, ça peut être un avantage. Nous n’avons pas l’ambition d’aller prendre la Coupe à Yaoundé, mais plutôt de bâtir quelque chose qui pourrait dans le moyen terme détrôner le Nigéria. Nous avons des jeunes talentueuses et qui ont juste besoin d’être mises en confiance. Pour y arriver, il faut leur donner confiance, les amener en compétition et mettre le moindre de pression possible autour d’elle. L’équipe des garçons a produit un jeu de très grande qualité. Mais au bout du compte, nous avons tous noté que la jeunesse de l’équipe a été un handicap. Mais c’est un socle très solide sur lequel nous pouvons bâtir pour le futur. Pour les filles c’est la même chose. Quand je disais que la direction nationale devait avoir une vision futuriste. Il faut qu’on passe par des chantiers de construction et des décisions fortes pour donner du sang neuf à notre sélection nationale. Cela va passer par des difficultés de jeunesse. J’ai conscience que Léna Niang qui est comptabilisée dans la liste n’a disputé qu’un seul Afrobasket. C’est Binetou et Mame Marie Sy qui sont des joueuses expérimentées. Elles vont porter les jeunes et les motiver pour qu’on ait vraiment une équipe compétitive. Nous n’avons jamais peur des objectifs assignés. Mais nous nous voulons réalistes. Ça ne sert à rien de vendre du vent au peuple sénégalais de faire croire aux gens que nous avons ça, alors que tel n’est pas le cas. Prenons le temps de construire et demain nous récolterons les fruits de notre patience ».
Équipes à craindre
« La grande équipe à craindre c’est le Nigéria. C’est l’équipe favorite dans cette compétition. Elle est double championne d’Afrique et ses joueuses reviennent des Jeux Olympiques. A côté, il y a le Mozambique, le Mali et l’Angola. Nous avons la malchance dans notre groupe si on sort, on va affronter en quart et en demi-finale la poule du Nigéria, Mozambique et Angola. Mais nous irons les affronter les yeux dans les yeux. Nous avons un groupe qui a faim et qui a envie de faire beaucoup de choses ».
Absence de Maimouna Diarra
« Comme d’ailleurs Oumou Kalsoum Touré qui est championne d’Afrique en 2015. Maimouma n’a pas quitté la sélection depuis 2013 avec coach Moussa Touré paix à son âme. Mai est une joueuse adorable. J’étais en compétition avec elle ou j’ai gagné. J’ai partagé des moments intenses avec elle. Mais quand je suis arrivée, j’ai dit aux filles, que les choix vont se baser sur la performance, il n’y aura pas de favoritisme. Ce que vous allez faire quotidiennement sera récompensé. Nous avons trouvé insuffisant ses performances au cours de ce mois. Mais cela n’enlève rien aux qualités de Maimouna, son leadership, sa mentalité. Mais nous avons pensé avons pensé avec Anne Françoise Diouf, Fatou Sylla de nous projeter. C’est ce qui s’est pensé mais rien d’autre. C’est un choix purement sportif ».
Neuf jours avant l’Afrobasket
« Nous cherchons désespérément un partenaire. Mais nous avons du mal à en trouver. Parce que le contexte Covid et les contraintes budgétaires, les pays africains n’ont pas beaucoup de moyens. Nous avons beaucoup de désistement. Mais nous allons nous contenter de ça. J’ai demandé au coach Ousmane Diallo de construire une équipe locale avec laquelle on pourra jouer deux matchs ». »
Absence de Léna Timera
« C’est une joueuse que nous avons découvert en France et elle joue en ligue 2. Dans le secteur où elle joue, nous avons un manque des choses. Nous l’avons contactée et elle a acceptée de venir mais malheureusement, elle n’a pas eu le passeport sénégalais avant ses 16 ans. Nous avons essayé de construire un dossier avec le secrétaire général de la fédération, nous avons déposé au niveau de la Fiba ou nous avons argumenté avec des photos ou elle venait régulièrement au Sénégal. Mais la seule chose qu’on nous reproche c’est qu’elle n’a pas eu son passeport sénégalais avant ses 16 ans. Depuis lundi, elle a été qualifiée comme naturalisée. Je déplore ça. Nos dirigeants doivent vraiment se battre pour trouver une solution à ça. C’est une fille qui a fait un excellent stage et je comptais sur elle sur la vivacité, les chutes à trois points. Vraiment c’est une superbe joueuse. Vitronine Thiaw, c’est la capitaine des U18, nous l’avons invité pour la préparer pour le futur. Elle a été excellente. Mais à un moment donné, il fallait choisir entre l’expérimenté Binetou Diemé et Mame Maty Fall dans le championnat local qui a fait une belle saison et Vitronine ».