Pape Samba Badiane, PDG »Expert auto »: « « Amadou Sall n’est ni actionnaire, ni propriétaire de mon entreprise »»
Cité dans une affaire portant sur des véhicules dont la valeur est estimée à plusieurs milliards de nos francs, Pape Samba Badiane a brisé le silence. Alors que son emprisonnement est annoncé un peu partout dans la journée d’hier, le PDG de « Expert auto » s’est présenté dans les locaux de « L’Asnews) pour donner sa version des faits. Voici en exclusivité l’essentiel de l’entretien qu’il nous a accordé.
Pape Samba Badiane, vous êtes le PDG de « Expert auto ». Pouvez-vous nous parler de cette entreprise et son domaine d’activité ?
Expert Auto » est une entreprise citoyenne qui s’acquitte des droits de douane pour tous les véhicules importés. Nous sommes un gros contributeur de la douane sénégalaise. Nous payons des impôts, nous faisons travailler des jeunes. Je vais prendre l’exemple des mécaniciens. Nous accompagnons un réseau de mécaniciens à se standardiser sur les normes en vigueur aujourd’hui. Nous faisons de la mécanique, comme cela se fait à l’étranger. Il faut laisser cette chance à ces jeunes. La machine est lancée et les gens sont conscients des enjeux. Les jeunes qui travaillent avec moi sont conscients. C’est eux qui me supportent dans tout ce que je fais aujourd’hui. Si j’ai le courage de continuer, c’est par ce que je vois de jeunes sénégalais valeureux, toujours à la tâche. Avec la situation qui prévaut, je pouvais dire que je suis découragé et je lâche tout. Mais quand je vois ces jeunes qui me soutiennent, qui m’accompagnent, je me dis qu’il ne faut pas lâcher. Il faudra que nous revoyions les choses. C’est le manager qui ne reflète peut-être pas la bonne chose. Je suis un jeune sénégalais, je roule parfois en moto, je me déplace comme les autres citoyens. Il nous faut aujourd’hui des managers qui se mettent au niveau du pays. C’est ça l’esprit de « Expert Auto ». C’est ça qui nous permet de faire des réalisations, car nous sommes prêts à se serrer la ceinture pour pouvoir investir.
On vous annonce être en brouille avec Amadou Sall, le fils du président de la République, sur une histoire de véhicule. Qu’en est-il vraiment ?
Je suis Pape Samba Badiane, jeune sénégalais, entrepreneur. Je suis le PDG de la société « Expert Auto » que j’ai moi-même crée il y a de cela dix ans. Je souhaiterai avant tout rétablir la vérité. On a essayé de salir les noms des gens, gratuitement, sans preuves. On a eu à avancer des noms. Certains disent qu’il y a des gens derrière moi, d’autres disent qu’il y a des gens à qui je dois de l’argent. Il n’en est rien.
Mais comment expliquer que le nom du fils du président de la République, soit associé à la société dont vous êtes le propriétaire ?
Je tenais à souligner que Amadou Sall n’est ni de près ou de loin mêlé aux actions de l’entreprise « Expert auto ». Il n’est ni actionnaire, ni propriétaire, ni client chez moi. Aujourd’hui, comme tout le monde, j’entends cette rumeur qui circule. Ils disent que j’ai des bisbilles avec Monsieur Sall, une personne que j’ignore même. S’il y a des preuves dans ce sens, qu’on me les montre. Il n’y a rien qui me lie à Amadou Sall.
Donc, si on vous comprend bien, ces rumeurs dont vous faites allusion ne sont pas fondées ?
Nous sommes des Sénégalais. Les gens ne me connaissent pas. C’est la première fois que je suis devant une caméra pour essayer de communiquer sur ma personne. Nous avons toujours mis notre entreprise au-devant de la scène. Donc, les gens se disent que si le PDG n’est pas au-devant de la scène, c’est qu’il doit avoir à ses côtés un gros bonnet, en l’occurrence Monsieur Sall. Alors que tout cela n’est pas vrai. Ce sont des rumeurs qui circulent dans Dakar. Peut-être que c’est un passionné de véhicule. Il peut voir les véhicules exposés et dire que c’est là-bas qu’on peut prendre de belles voitures.
Dans le passé, vous n’avez jamais eu à travailler avec M. Sall ?
Comme j’ai eu à le dire, il n’a jamais été un client. Il n y a aucun document qui nous lie. Il n y a aucun marché que nous avons eu à faire ensemble. Il ne travaille pas avec moi. C’est un honnête sénégalais qui trace sa route. Moi aussi je trace la route de mon entreprise. Aujourd’hui, il faut que les gens enlèvent cette étiquette d’une entreprise qui a pignon sur rue, qui fait travailler des Sénégalais. J’ai eu à répondre à plusieurs reprises à cette question qui m’a été posée il y a quelques années. Et j’ai toujours répondu par le négatif. Nous sommes en 2021 et je vais toujours répondre de la même manière.
Il se dit même que les enquêteurs de la Sureté urbaine ont eu à vous entendre et que vous étiez même en prison ?
Ce sont sans doute les détracteurs qui le disent. Des gens qui prennent des articles comme ça, sans pour autant essayer de vérifier. Je me dis que ce n’est peut-être pas moi qu’ils attaquent. Ils cherchent d’autres intérêts qui sont cachés dont j’ignore. Ce que je peux dire, c’est qu’aujourd’hui, je suis bien libre de mes mouvements. Je suis dans vos locaux, avec toute mon intégrité physique. Je souhaite rétablir la vérité. Il faut qu’on laisse les entreprises travailler. Ce que nous faisons, c’est pour le Sénégal. C’est la visibilité du Sénégal, portée par des enfants du pays. Aujourd’hui, l’entreprise fait travailler des jeunes, avec une moyenne d’âge de 35 ans. Elle est à 100% sénégalaise. Arrêtons avec ces histoires.
Pensez-vous qu’il y aurait des gens derrière cette affaire ?
Certainement ! Quand je vois tout ce bruit derrière, je ne comprends pas. Moi, je ne fréquente pas les réseaux, je ne suis pas dans le système politique. Nous sommes des chefs d’entreprises. Nous sommes là pour créer de la valeur pour le pays. Nous aidons de jeunes sénégalais à se valoriser. Donc, s’il y a des gens qui sont derrière, de grâce, laissez-nous travailler.
Quelle suite allez-vous donner à cette histoire ?
Aujourd’hui, je laisse les Sénégalais avec leur conscience. Ils vont voir d’eux même que tout ça ne tient pas. Je mets aussi en garde toutes ces personnes qui tournent autour. Je peux dire que c’est de la diffamation. Vous mettez en mal un jeune sénégalais qui a une famille, des enfants. Un citoyen qui a tout laissé en Europe pour participer au développement de son pays.
En Europe, quels étaient vos domaines d’activités, avant de revenir au Sénégal ?
En Europe, j’ai fait le sport automobile, à un niveau très élevé, en faisant de la formule 1. J’ai eu à faire la moto avec le Junior Team en championnat du monde, j’ai fait le Paris-Dakar. Par la suite, je suis rentré au Sénégal pour créer une entreprise. J’ai eu à faire mes preuves avant « Expert Auto ». Encore une fois, c’est de l’expertise que nous mettons en valeur. Nous avons voulu montrer à nos frères sénégalais qu’ils peuvent le faire. Aujourd4hui dans les rues de Dakar, vous voyez d’autres showroom qui vendent des voitures neuves. C’est ouvert pour tout le monde, mais on a quand même ouvert la voie. Il y a 13 ans en arrière, personne ne le faisait dans ce pays.
Qu’en est-il de la gestion de « Expert Auto », notamment coté fiscalité ?
Nous avons commencé avec presque rien. Ce sont des charrettes qui acheminaient le sable l’époque pour la construction. Mais à force d’y croire, nous sommes parvenus à réaliser quelque chose. Nous avons eu des convocations venant des organes de contrôle. Nous avons beaucoup de convocations, car tout simplement, nous avons un show-room. Mais je voulais vous affirmer que tout est transparent dans notre comptabilité. Nous rendons compte à l’administration fiscale et cela, pour chaque année. Cela me fait mal au cœur de venir parler de certaines choses. Mais c’est la triste réalité. L’économie ne se porte pas bien, surtout avec la crise. Et ça impacte aussi les entreprises.
Avez-vous engagé des avocats pour vous défendre ?
Evidemment ! Pas plus qu’aujourd’hui (NDL : Hier), j’étais avec mes avocats. Ils m’ont conseillé et je mets aussi en garde les gens qui seraient tenté à raconter du n’importe quoi. La vérité, elle est là. Je suis dans ma position pour défendre les intérêts de l’entreprise. Il y a des gens qui croient en cette entreprise et qui se battent pour cette entreprise. Nous n’allons pas laisser les gens nous maltraiter, sans pour autant qu’on puisse donner notre point de vue.
Il parait que l’Etat vous doit de l’argent. Peut-on savoir le montant ?
Ce qui met aujourd’hui en mal nos entreprises, c’est l’Etat qui ne joue pas pleinement son rôle. Vous prenez une entreprise comme la nôtre. On a voulu travailler avec l’Etat en jouant au patriotisme pour aider le pays. Nous avons eu à livrer des pneus blindés à l’Etat sénégalais. Mais ils sont restés des années sans payer cette prestation. Et cela a fragilisé à outrance notre entreprise. Aujourd’hui, toutes les autorités sont au courant, mais ça ne bouge pas. Je ne peux pas tout dire sur cette affaire. Mais si on me pousse à bout aussi, pourquoi pas ? Par ce que comme j’ai eu à le dire, c’est une entreprise qui doit se défendre. Nous avons fait quelque chose d’excellent et nous continuons dans cette dynamique. J’invite les autorités à nous aider à recouvrer cette créance pour l’entreprise et pour le bien de toutes ces personnes qui travaillent avec nous. Je ne vais pas donner de chiffres, mais retenez que c’est des centaines de millions que l’Etat du Sénégal nous doit, par le biais de la Présidence de la République. Ce sont des marchés que nous avons eu à faire. A un moment donné, les véhicules tombaient en panne et il fallait qu’on s’inscrive à les aider. Cela consistait à réparer, à acheter ces pneus blindés, que nous avons eu à affréter par vol spécial, pour que ces produits puissent venir. Ça touche un peu la sécurité. Raison pour laquelle je peux aller trop dans les détails.