El Hadji Malick Ndiaye, Musée Théodore Monod: «La pandémie n’a jamais pu annihiler la culture »
Par Sitapha BADJI
Le coordonnateur du musée Théodore Monod de l’Ifan, a fait l’état des lieux des activités de leur institution muséale, dans une période marquée par la pandémie de Covid-19. Lors de la deuxième activité depuis la reprise, Dr El Hadji Malick Ndiaye a fait le tour des projets du musée. C’était également l’occasion pour le coordonnateur d’indiquer que l’essence du musée, c’est également une projection dans le futur.
Vous venez de reprendre les activités muséales après un long moment de léthargie. Qu’elle est le sentiment qui vous anime ?
C’est un sentiment de fierté qui m’anime et un grand plaisir de retrouver les habitués des vernissages, des activités culturelles et artistiques. Tous ces esprits avec qui nous partageons beaucoup de choses sont venu dans cette ambiance du musée Théodore Monod, partager en toute convivialité les moments qui célèbrent le vernissage de l’exposition « Dialogue entre deux cultures » (Ndlr l’exposition se tient du 16 Septembre au 15 Octobre prochain).
La crise sanitaire a fait que les activités des musées ont été suspendues presque une année durant. A combien estimez-vous le manque à gagner dans votre secteur d’activité ?
Le manque à gagner est inestimable parce que ce n’est pas seulement financier. C’est également symbolique. On est resté presqu’un an sans activités culturelles, avec une distanciation physique voire une isolation parfois. Et je pense que la culture se devait d’être résiliente, de résister parce que la culture, c’est ce qui reste quand on a tout perdu. Or la pandémie nous a désœuvré, la pandémie nous a déshabillé. Elle nous a frappés d’un lourd mutisme. Mais elle n’a jamais pu annihiler la culture. C’est la raison pour laquelle aujourd’hui, on n’estime pas ce qu’on a perdu en termes d’argent. Mais on estime surtout ce qu’on va retrouver et ce qu’on a retrouvé au point de vue symbolique. Parce que la reprise, on la faite depuis le 18 mai à l’occasion de la journée internationale des musées. Aujourd’hui, c’est le deuxième événement et c’est tout un plaisir de retrouver ce monde des activités artistique et culturelle.
Lors de l’avènement de la pandémie, les travailleurs se sont adaptés afin de mener leurs activités professionnelles. Qu’elle a était votre stratégie d’adaptation au sein du musée Théodore Monod ?
Pendant la pandémie, nous avons été féconds en imagination. Parce que nous avons réorganisé notre façon de communiquer. Puisque les visiteurs ne pouvaient plus accéder à nos expositions, chaque semaine par exemple, nous avons pu montrer un objet de notre collection sur notre page Facebook, avec plusieurs informations qui pouvaient relayer toute la documentions de l’objet auprès des visiteurs. Nous avons également mis à profit la pandémie pour réfléchir à la création d’un site internet d’une part et à l’établissement d’un restaurant sur le site du musée d’autre part. C’était également un moment fort intéressant en termes de réflexion, puisque c’est ce qui nous a permis d’imaginer et de mettre en œuvre la pédagothèque qui est toujours en cours. Elle est un espace de médiation culturelle, avec des outilles et des instruments que nous allons finaliser d’ici quelque temps. La pédagothèque va permettre aux jeunes notamment ceux des établissements scolaires, de mieux comprendre la vie dans un musée, de mieux connaitre les objets de nos collections et d’avoir une plus-value pour leur éducation artistique et culturelle.
La question de l’art notamment contemporain fait souvent objet de réflexion. Comment est- ce que vous abordez cette question dans le cadre de ce vernissage par exemple ?
Nous avons une artiste des Iles Canaries, Teresa Correa qui a exposé des photographies. Elle prolonge à travers cette exposition, le dialogue entre les deux cultures (sénégalaise et des Iles Canaries) en montrant à travers son art comment vivaient les premiers habitants des Iles Canaries. Et par là, l’art contemporain montre la nécessité du musée de ne pas seulement se retourner vers le passé mais de regarder également le futur. Parce que l’artiste est le témoin de l’histoire du temps présent et c’est ce que cette artiste fait très bien.
Cette expo est aussi constituée de vestiges archéologiques. Il y a également des similitudes entre la vie des anciens habitants des Iles Canaries et les premiers peuples africains. Qu’est ce qui explique cela ?
C’est parce que si on suit l’histoire, on se rend compte que les Iles Canaries étaient peuplées d’abord par les africains du nord, avant les Castiens. Et puis, des espagnoles qui ont occupé toutes ses terres-là. Les restes archéologiques le prouvent, les témoins matériels sur l’Ile également le prouvent. C’est la raison pour laquelle ces terres sont des terres africaines et les populations qui y vivent aujourd’hui partagent beaucoup de choses avec l’Afrique.