PORTRAIT. Qui est Élisabeth Borne, la nouvelle Première ministre Française?

Élisabeth Borne, 61 ans, ministre du Travail, succède à Jean Castex comme Première ministre. Emmanuel Macron l’a nommée lundi après-midi, vingt-deux jours après la présidentielle.

La fin d’une très longue exception française. Trente ans après Édith Cresson, une femme fait à nouveau son entrée à l’hôtel de Matignon. À 18 h 19, lundi 16 mai 2022, par un court communiqué du palais de l’Élysée – une seule phrase – Emmanuel Macron a nommé la normande Élisabeth Borne Première ministre, après la démission de Jean Castex et de son gouvernement deux heures plus tôt.

Hésitations jusqu’au dernier moment

Ce choix, vingt-deux jours après la présidentielle (un record), n’est pas une surprise. La ministre du Travail était, depuis très longtemps, l’une des favorites pour devenir la troisième cheffe du gouvernement du président de la République. Même si ce dernier a hésité jusqu’au tout dernier moment, la Rémoise Catherine Vautrin, présidente du Grand Reims, tenant également la corde.

Si Élisabeth Borne l’a finalement emporté sur le fil, c’est parce qu’elle « coche à peu près toutes les cases » imposées par Emmanuel Macron. Loyale, efficace et rigoureuse « à la Castex », appréciée de la Macronie, elle a rassuré le chef de l’État, alors que le quinquennat qui démarre s’annonce crucial pour l’environnement et l’avenir social et économique du pays. Membre de Territoires de progrès – l’artère gauche d’En marche – elle a longtemps milité au sein du Parti socialiste.

Ingénieure des Ponts et Chaussées

Au cœur de l’exécutif depuis 2017 – un club aujourd’hui restreint –, la nouvelle Première ministre, 61 ans, s’est successivement occupée des Transports durant deux ans, de la Transition écologique pendant onze mois, puis du Travail depuis le 6 juillet 2020. Elle a notamment fait sensation, ces dernières années, en conduisant la réforme de la SNCF et en tenant tête aux syndicats.

Cette polytechnicienne et ingénieure des Ponts et Chaussées a aussi été préfète de la région Poitou-Charentes de 2013 à 2014, directrice de cabinet de Ségolène Royal au ministère de l’Écologie de 2014 à 2015, avant de prendre la tête de la RATP en 2015. Son riche parcours l’a également conduite dans les cabinets ministériels de Jack Lang (Éducation) et Lionel Jospin (à Matignon), ainsi qu’à la Ville de Paris (comme directrice générale de l’urbanisme), à la SNCF et chez Eiffage.

Dans cet itinéraire sans faille, seul un mandat d’élue fait défaut à cette petite-fille d’un ancien maire et conseiller général de Livarot (Calvados). À la différence de son prédécesseur à Matignon qui fut maire de Prades (Pyrénées-Orientales), conseiller départemental et régional en Occitanie, Élisabeth Borne ne s’est jamais présentée à une élection. Un manque en partie comblé aujourd’hui. Elle est, actuellement, candidate aux législatives à Vire (Calvados).

« Madame Borne-out »

Réputée extrêmement travailleuse, celle qui est issue d’une lignée de pharmaciens calvadosiens est aussi exigeante. « Elle bosse beaucoup et tout le monde doit suivre, expliquait l’un de ses conseillers, il y a trois ans, dans le journal Le ParisienCela lui arrive d’envoyer des SMS à 2 h du matin pour obtenir une note à 7 h. »Ce qui n’est pas pour déplaire au « boss » Emmanuel Macron, également fait de ce bois-là. Cette stakhanoviste a d’ailleurs été rebaptisée « Madame Borne-out » par certains de ses interlocuteurs.

Lundi 16 mai au soir, au moment de la passation de pouvoir à l’hôtel Matignon, la nouvelle Première ministre s’est dite attachée au dialogue, à l’intérêt général, à la cohésion du pays et à l’égalité des chances. Très émue face à Jean Castex lui confiant les clés de Matignon, Élisabeth Borne a eu une pensée pour Édith Cresson et pour toutes les petites filles : « Allez au bout de vos rêves. Rien ne doit freiner le combat pour la place des femmes dans notre société ».

Ouestfrance

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