1923-2023 / Centenaire de la naissance de Cheikh Anta Diop : 37 ans après sa disparition, l’ombre idéologique de Cheikh Anta Diop plane-t-elle toujours sur l’espace politique ?
2023 restera l’année charnière du centenaire de la naissance de l’égyptologue Cheikh Anta Diop qui a osé défier les occidentaux scientifiquement avec sa théorie de l’Afrique est le berceau de l’humanité.
Ce mardi, on se souvient forcément de ce monument du savoir qu’était Cheikh Anta Diop qui aura marqué non seulement l’Afrique, mais surtout son pays, le Sénégal notamment dans sa vision politique panafricaniste. Aujourd’hui, l’héritage de celui que l’on surnomme le « pharaon du Cayor » continue d’être l’objet de vifs débats, au Sénégal, et sur le continent africain notamment dans les profondeurs des communautés.
Au niveau politique, le concept est lié à la conscience historique africaine. C’est en effet, à partir de là, qu’il a remis l’Afrique sur la sellette en disant que l’Afrique est le berceau de l’humanité et qu’il fallait que les africains se réapproprient leur histoire face à cette pensée européenne qui a exclu l’Afrique de toute civilisation. À un autre niveau, Cheikh Anta Diop fondateur du Carbone 14, a été un homme politique nationaliste. Il créa le Rassemblement national démocratique (RND) officiellement en 1981 qui s’impose sur l’échiquier politique d’alors. Il faut rappeler qu’après la gauche, c’était bien le RND qui était le parti qui s’imposait et qui faisait face au pouvoir après une série de répressions qui ont été précédées par l’engagement d’un jeune sénégalais d’alors qui a eu, à l’étranger à participer à plusieurs mouvements pour l’affirmation de l’identité africaine.
En 1946, le jeune bachelier, Cheikh Anta Diop débarque à Paris. Il milite au sein de différentes organisations étudiantes, en particulier dans l’Association des étudiants du Rassemblement Démocratique Africains (AERDA) dont il devient le secrétaire général entre 1951 et 1953. En 1954, il publie « Nations nègres et cultures », un livre considéré comme le plus audacieux qu’un nègre ait jusqu’ici écrit et qui aura contribué au réveil de l’Afrique », selon Aimé Césaire dans son Discours sur le colonialisme. Après avoir soutenu sa thèse en 1960, il rentre au Sénégal.
Dans l’optique de l’éthique, Cheikh Anta Diop incarnait la constance. Le Pastef de Ousmane Sonko s’inscrit aussi dans ce sillage. Avec Cheikh Anta Diop, l’engagement était bien au rendez-vous avec l’adhésion de plusieurs intellectuels notamment des universitaires, des enseignants etc… Le Pastef, même si la plupart reste des jeunes, les aspirations à la souveraineté et à voir une Afrique indépendante est bien une réalité. On remarquera certains anciens du Rassemblement national démocratique (RND). Aujourd’hui, dans « Magui Pastef » il y’a des militants qui ont cheminé avec Cheikh Anta Diop et qui, aujourd’hui, se voient dans le Pastef. C’est le cas par exemple de Babacar Faye, âgé de 76 ans qui s’est exprimé au téléphone de Dakaractu. « Le Rassemblement National démocratique s’est aujourd’hui allié au Pastef pour perpétuer cette politique africaine, universelle qu’avait Cheikh Anta Diop ». Selon lui, la politique est aujourd’hui africaine, il ne s’agit pas simplement d’avoir une vision futuriste sénégalaise. D’ailleurs, selon lui, Cheikh Anta Diop réfléchissait au-delà du sénégalais. Il était universel. En effet, Cheikh Anta Diop pensait, de manière générale, sur les formes de représentations politiques, sur la question de l’industrialisation du continent, de ses sources énergétiques ou encore l’enjeu d’une armée moderne et souveraine. Aujourd’hui, ces thématiques demeurent actuelles et appellent à une réflexion sur le comportement approprié des entités politiques pour faire face aux enjeux de développement africain.
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