Du syndicalisme à la politique : Une reconversion préjudiciable au mouvement syndical ?
Les acteurs de la société civile se démarquent eux des clivages idéologiques et se veulent l’incarnation d’un contre-pouvoir citoyen proche des préoccupations des populations et des couches sociales les plus défavorisées de la société. Le syndicalisme, tel qu’on le définit universellement, a pour but, en termes généraux, l’étude, la défense et la promotion des intérêts professionnels, économiques et sociaux de ses membres. Il a donc non seulement le droit mais aussi le devoir d’utiliser tous les moyens légitimes qui lui permettront d’atteindre ses objectifs. Il ne faut cependant pas que le « recours à un moyen, même honnête, ne le détourne de son objectif. Au Sénégal, le syndicalisme a connu de très grandes figures syndicales à l’image de feu Iba Der Thiam ou encore Madia Diop qui ont su porter les revendications légitimes des travailleurs. Mais que devient ce milieu considéré comme une niche de porteurs de voix de travailleurs se définissant comme un contre-pouvoir ?
L’UNSAS a vu son secrétaire général Mademba Sock nommé à la fois président du Conseil d’administration de l’Institution de Prévoyance Retraite du Sénégal (IPRES) et de l’Agence sénégalaise pour l’électrification rurale (ASER).
Même si sa centrale est restée indépendante de tout parti politique dans ses statuts, cette double casquette de syndicaliste et de Président de Conseil d’administration a créé, à un moment, une confusion au niveau des militants et de l’opinion. La CSA, la CNTS, l’UDTS et plusieurs autres syndicats ont eu d’étroites relations avec les entités politiques car d’ailleurs, plus ou moins liées. Mais est ce qu’il est impératif de se mouvoir vers ces entités politiques pour mieux prendre en compte les revendications ?
Dakaractu a donné la parole à certains syndicalistes particulièrement des enseignants dont la plupart se sont actuellement reconvertis en hommes politiques.
Saourou Sène, ancien SG national du SAEMS : « J’ai été charmé par la vision du président Macky Sall pour l’Éducation !»
Adhésion à la politique du président Macky Sall
Quand Saourou Sène a quitté le monde syndical, c’est une autorité qui l’appelle pour lui faire part du souhait du président Macky Sall de le rencontrer. « J’étais très surpris mais agréablement surpris car, c’est la première institution qui veut me rencontrer. Quand je suis venu, le chef de l’État m’a félicité et salué les avancées significatives dans le secteur de l’enseignement du moyen secondaire. Mais quand j’ai écouté le président Macky Sall, j’étais charmé de sa vision qu’il a pour l’éducation », a noté le conseiller du président. D’ailleurs, il lui a même, nous dira notre interlocuteur, donné son engagement de respecter les accords signés, particulièrement, ceux financiers. « Il m’a demandé ce que je fais et j’ai répondu qu’après deux mandats à la tête du SAEMS, c’est fini. Il m’a alors invité à travailler avec lui dans le secteur de l’éducation car, il m’a signalé qu’il a effectivement beaucoup de projets pour le secteur », ce que l’enseignant a accepté car, ayant déjà tourné la page syndicale pour se mouvoir dans l’espace politique où il compte soutenir le président Macky Sall à tous les niveaux.
Dame Mbodj, SG national du Cusems authentique – Pdt du mouvement citoyen Le peuple :
Mamadou Lamine Dianté, le « Ndongo Daara » devenu syndicaliste puis politique…
Au fil de l’histoire du Sénégal indépendant, la politique et le syndicalisme n’ont toujours pas fait bon ménage. Le contre-pouvoir en sentinelle, veut toujours s’armer et se munir de tous les atouts pour ne pas sombrer face aux entités politiques refusant de se laisser conditionner par les acteurs syndicaux. Cependant, on assiste, de nos jours, de plus en plus, à un rapprochement entre les deux camps qui laisse perplexes les observateurs, quant à l’incarnation du vrai rôle du syndicalisme.
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