AGRESSION DU DOMAINE PUBLIC MARITIME DE THIÈS: Grosse controverse autour de la protection de l’aire marine

Le président de la Commission de l’aménagement du territoire et des domaines au Conseil départemental de Thiès, Abdoulaye Sow, a fustigé les installations ‘’irrégulières’’ notées le long du domaine public maritime de Thiès. Il accuse Yankhoba Diattara qui, en retour, annonce une plainte pour diffamation contre le sieur Sow qu’il incrimine dans cette affaire.

Le domaine public maritime de Thiès, qui s’étend sur une superficie 10 km (de Rufisque à Tivaouane), fait l’objet d’une véritable convoitise de la part de ‘’personnes malintentionnées’’, selon le président de la Commission de l’aménagement du territoire et des domaines au Conseil départemental de Thiès, Abdoulaye Sow. Ce dernier donne l’exemple du quartier Ndiokhob Guédj, sis dans la commune de Cayar, qui ne cesse d’être agressé. Outre le processus de terrassement de plus de 200 parcelles qui y est enclenché, un complexe hôtelier d’une superficie de 10 615 m2 appartenant au promoteur Cheikh Guèye sort déjà de terre. Le bâtiment jouxtant la plage de Ndiokhob Guédj est presque en finition.

Ici, dit-on, la zone des cents pas géométriques, communément appelée la ‘’zone des 100 mètres’’, n’a pas été respectée. Cette partie constitue la dépendance la plus convoitée du domaine public maritime. Elle est habituellement prisée des promoteurs et opérateurs du secteur du tourisme et de l’hôtellerie. Par souci de protéger l’écosystème maritime dudit quartier, le président de la Commission en charge de l’aménagement du territoire et des domaines a effectué, hier, en compagnie de son équipe, une décente sur le terrain pour sonner l’alerte et la révolte.

Abdoulaye Sow soutient que l’agression du domaine public maritime peut être considérée comme un ‘’crime écologique’’. ‘’Le samedi 24 février 2018, j’ai été saisi d’une opération de terrassement et de lotissement du domaine public maritime sur deux kilomètres. Il y a des individus qui ont implanté des bornes de 20 m3/20 dans une zone classée, zone sensible protégée par le Code de l’environnement. Ils ont déplacé des dunes et procédé à des terrassements menaçant tout l’écosystème. Cette attitude peut être considérée comme un crime écologique, au vue des lois, des règles et du Code de l’environnement’’, fustige-t-il.

Le conseil au banc des accusés

Parmi les auteurs de cette ‘’forfaiture’’, il cite ‘’Pape Moussé Diop (le président de la Commission ad hoc chargée de la supervision et de la gestion du domaine public maritime (Dpm) au Conseil départemental de Thiès, Ndlr). Quand la commission a été instituée, j’ai commis un huissier pour servir une sommation interpellative à Yankhoba Diattara (premier vice-président du Conseil départemental de Thiès, Ndlr) et à son bureau pour connaître les mobiles et les motifs de cette forfaiture. En voilà les raisons’’, poursuit Abdoulaye Sow, visiblement en colère contre ses collaborateurs du Conseil départemental de Thiès.

Aux yeux du président chargé de la protection du domaine public maritime au niveau de ladite institution, Yankhoba Diattara et Pape Moussé Diop ont violé le Code de l’urbanisme, de l’environnement et le Code général des collectivités locales. ‘’Ils ont procédé à une agression d’une zone protégée. Au-delà d’un délit, cela est un crime passible de poursuites. Et pourtant le Conseil départemental de Thiès s’est réuni en session pour voter une résolution pour protéger l’environnement. Cette résolution, dans ses dispositions, a prévu la protection du domaine public maritime et du massif du plateau de Thiès. En faisant cet acte, les membres du bureau ont trahi la confiance du conseil départemental et créé un danger, un drame écologique au niveau du département de Thiès. Mais nous nous érigeons en bouclier pour faire face aux auteurs de ce crime odieux’’, martèle Abdoulaye Sow. Avant de rappeler que le conseil doit statuer pour ‘’blâmer les auteurs, enclencher des poursuites judiciaires et les pousser vers la démission’’.

Ainsi, Abdoulaye Sow souligne que cette occupation anarchique, qui s’opère plus précisément à Ndiokhob Guédj, ‘’ne doit en aucun cas continuer’’. ‘’Ces derniers nous trouveront sur leur chemin’’, prévient-il.

La riposte de Diattara

Le premier vice-président du Conseil départemental de Thiès, mis en cause dans cette affaire par un de ses collaborateurs, n’a pas tardé à réagir pour donner sa version de faits. Yankhoba Diattara menace de porter plainte contre Abdoulaye Sow pour diffamation. Ce dernier, qui dit avoir suivi la déclaration de son président en charge de l’aménagement du territoire et des domaines par voie de presse, a aussitôt improvisé un point de presse. Une rencontre au cours de laquelle il a dégagé en touche toutes ces ‘’allégations et accusations’’ faites à leur endroit. ‘’Les accusations qu’il porte à notre endroit sont extrêmement graves. Et d’ailleurs, j’ai décidé de porter plainte contre Abdoulaye Sow pour diffamation’’, fait-il savoir d’abord.

Document à l’appui, l’ex-adjoint au maire de la commune de Thiès révèle que c’est Abdoulaye Sow qui a donné avis au promoteur Cheikh Guèye pour poursuivre les travaux de son complexe hôtelier. Et que, par conséquent, soutient-il, s’il y a quelqu’un qui a violé le domaine public maritime, c’est bien Abdoulaye Sow. ‘’Le conseil départemental a la compétence de la gestion du domaine public maritime. Nous avons été saisis, à maintes reprises, par les autorités, en l’occurrence le préfet et le receveur des domaines, pour délibérer sur les projets en cours de réalisation au niveau du domaine public maritime de Thiès.

Mais le conseil départemental ne s’est pas encore prononcé pour donner avis sur ces projets. Sur le projet de M. Cheikh Guèye, j’avais transmis le dossier à Abdoulaye Sow pour avis. Ce dernier a mené une mission sur place. Malheureusement, c’est lui-même qui a donné avis favorable à M. Cheikh Guèye pour poursuivre les travaux’’, réplique Yankhoba Diattara. Or, renseigne-t-il, l’avis favorable n’est donné que par le conseil et sur délibération, et soumis au préfet du département pour approbation.

‘’Nous sommes étonnés d’entendre ce matin (hier) qu’Abdoulaye Sow a mené une mission pour dire que c’est le conseil départemental qui mène des travaux. J’ai été saisi dimanche matin par le promoteur Cheikh Guèye qui m’a dit que des travaux sont en train d’être effectués. Le commandant de la brigade de gendarmerie de Cayar me l’a confirmé (…). Abdoulaye Sow a violé les dispositions de ses prérogatives’’, tempête Yankhoba Diattara. Celui-ci, dans cette affaire, soupçonne des soubassements politiques, dans la mesure où le Sénégal se trouve d’ores et déjà dans une précampagne pour la présidentielle et les locales de 2019.

 

Enquête

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