L’autorisation parentale, l’autre casse-tête des femmes sénégalaises
Pour un voyage avec son enfant, Thibault Kayoukha doit obligatoirement se munir d’une autorisation du père. «Il me fallait l’autorisation du père pour faire un passeport», témoigne cette Française mariée à un Sénégalais qui a toujours refusé de lui fournir le document.
Cette situation, Thibault la partage avec bon nombre de femmes sénégalaises. Cette loi que beaucoup jugent rétrograde enlève à la femme tout droit sur son propre enfant.
Le code de la famille avait été modifié. Les nouvelles dispositions consacrant, entre autres, l’autorité parentale à la place de la puissance paternelle, permettent à la conjointe, si elle est salariée, de prendre en charge son époux et ses enfants.
Toutefois, ce projet de loi modifiant la loi de juin 1972 portant code de la famille au Sénégal traîne encore quelques insuffisances », selon des membres de la société civile.
L’autorisation parentale appartient au père. «Ce sont les textes qui le disent », insiste la secrétaire exécutive de l’Association des juristes sénégalaises (AJS), Awa Tounkara Cissé pour qui cette loi « n’est pas équitable».
«L’autorisation parentale devrait être partagée. L’enfant a deux parents et chacun devrait avoir une certaine autorité sur lui», a-t-elle indiqué.
La «puissance maritale»
Selon le code de la famille, consulté par Ouestafnews, en son article 152 sur la « Puissance maritale », il y est indiqué que «le mari est le chef de la famille, il exerce ce pouvoir dans l’intérêt commun du ménage et des enfants ».
Au mois de juillet 2009, l’AJS a mené un plaidoyer pour une modification de l’article 152 du code de la famille. Elle propose qu’il soit libellé ainsi : «le ménage fait l’objet d’une administration commune avec partage des responsabilités familiales entre les conjoints ».
Pour les juristes sénégalaises, cette loi devrait être harmonisée avec la Constitution sénégalaise et avec le protocole relatif à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) que le Sénégal a ratifiée.
La Constitution sénégalaise, en son article 7 aliéna 4, indique que « tous les êtres sont égaux devant la loi. Les hommes et les femmes sont égaux en droit ».
Le protocole CADHP en son article 6 indique que « la femme et l’homme contribueront conjointement à la sauvegarde des intérêts de la famille, à la protection et à l’éducation de leurs enfants ».
«L’AJS a déjà fait un plaidoyer sur ça, pour que les lignes bougent mais jusqu’à présent rien n’a changé, sauf la loi sur la parité qui a permis de rehausser le nombre des femmes au niveau des postes électifs », déplore Mme Cissé.
Ouestaf
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