Venezuela : le président du Parlement s’autoproclame « président en exercice »

Juan Guaido, le président du Parlement vénézuélien, contrôlé par l’opposition, s’est autoproclamé mercredi 23 janvier « président en exercice » du pays devant des dizaines de milliers de partisans, réunis à Caracas pour protester contre le président Nicolas Maduro. « Je jure d’assumer formellement les compétences de l’exécutif national comme président en exercice du Venezuela pour parvenir (…) à un gouvernement de transition et obtenir des élections libres », a lancé l’opposant de 35 ans depuis une tribune.

Totalement inconnu il y a encore quelques mois, cet ingénieur, membre du parti Volonté populaire (VP), est devenu le 5 janvier le plus jeune président du Parlement et s’est imposé comme le principal adversaire du chef de l’Etat vénézuélien. Il a réussi à remobiliser les adversaires du président, divisés et affaiblis ces derniers temps. C’est « un gamin qui joue à la politique », a dit de lui Nicolas Maduro. La Cour suprême vénézuélienne, plus haute juridiction du pays, composée de fidèles au régime, a ordonné une enquête pénale contre les membres du Parlement, en les accusant d’usurper les prérogatives du président Maduro.

Adoubement américain

Donald Trump a aussitôt reconnu Juan Guaido comme président par intérim. « Aujourd’hui, je reconnais officiellement le président de l’Assemblée nationale vénézuélienne, Juan Guaido, comme président par intérim du Venezuela », a-t-il indiqué dans un communiqué. Jugeant que l’Assemblée nationale était « la seule branche légitime du gouvernement », M. Trump rappelle que cette dernière a déclaré le président Nicolas Maduro « illégitime ».

« Le peuple du Venezuela a courageusement parlé contre Maduro et son régime et exigé la liberté et l’Etat de droit, écrit le président américain. Je continuerai à utiliser toute la puissance économique et diplomatique des Etats-Unis pour faire pression en faveur du rétablissement de la démocratie vénézuélienne. » Un responsable américain a précisé par ailleurs que « toutes les options » étaient sur la table si le régime Maduro avait recours à la violence. « Les Vénézuéliens ont trop longtemps souffert aux mains du régime illégitime de Maduro », a ajouté M. Trump un peu plus tard dans un tweet tandis que le chef de la diplomatie, Mike Pompeo, appelait explicitement Nicolas Maduro à « céder la place ».

En réaction, Nicolas Maduro a annoncé que son pays rompait ses relations diplomatiques avec les Etats-Unis. « Dehors ! Qu’ils s’en aillent du Venezuela, ici il y a de la dignité, voyons ! », a déclaré M. Maduro, qui a donné soixante-douze heures aux représentants diplomatiques nord-américains pour quitter le pays.

Le Canada, le Brésil, le Pérou et la Colombie ont à leur tour reconnu officiellement Juan Guaido. Le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA), Luis Almagro, a également félicité M. Guaido. « Il a toute notre reconnaissance pour impulser le retour de la démocratie dans ce pays », a-t-il écrit sur Twitter. Le Mexique maintient lui son soutien au président Maduro.

L’Union européenne (UE) a appelé à écouter la « voix » du peuple du Venezuela et a réclamé des élections « libres et crédibles »« Les droits civils, la liberté et la sécurité de tous les membres de l’Assemblée nationale, y compris de son président, Juan Guaido, doivent être (…) pleinement respectés », a ajouté la haute représentante de l’UE, Federica Mogherini, au nom des Vingt-Huit. En France, l’Elysée consulte ses partenaires européens, a déclaré une source interne à l’Agence France-Presse (AFP).

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