Trump reconnait Jérusalem comme d’Israël: Vives réactions

Avant même son discours, des dirigeants du monde entier avaient appelé le locataire de la Maison Blanche à peser ses mots et mesurer les conséquences de ses actes, tant Jérusalem est un chaudron diplomatique. Même si Donald Trump s’est dit disposé à soutenir une solution à deux Etats entre Israéliens et Palestiniens, le contenu de sa décision a déjà provoqué la colère du monde arabe.

– FRANCE
« C’est une décision regrettable que la France n’approuve pas, et qui contrevient au droit international et aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Le statut de Jérusalem est une question de sécurité internationale, et je veux l’affirmer clairement devant vous, le statut de Jérusalem devra être déterminé par les Israéliens et par les Palestiniens dans le cadre de négociations sous l’égide des Nations unies. Je rappelle à ce titre l’attachement de la France et de l’Europe à la solution de deux Etats, Israël et la Palestine vivant côte à côte en paix et en sécurité dans des frontières internationalement reconnues avec Jérusalem comme capitale des deux Etats. Je lance un appel au calme, à l’apaisement, et à la responsabilité de tous. Nous devons éviter à tout prix les violences et privilégier le dialogue », a déclaré Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse à Alger où il est en visite.

– HAMAS
Pour le mouvement islamiste palestinien Hamas, la décision du président américain ouvre « les portes de l’enfer pour les intérêts américains dans la région ». Ismaïl Radouane, un haut responsable du Hamas s’exprimant devant des journalistes dans la bande de Gaza, a appelé les pays arabes et musulmans à « couper les liens économiques et politiques » avec les ambassades américaines, et à expulser les ambassadeurs américains.

Trois «jours de rage» dans les territoires palestiniens

– OLP
Le secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erakat, a déclaré pour sa part que Donald Trump avait « détruit » la solution dite à deux Etats en annonçant la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël. A ses yeux, le président américain a aussi « disqualifié les Etats-Unis de tout rôle dans un quelconque processus de paix ». « Par ces décisions déplorables, les Etats-Unis sapent délibérément tous les efforts de paix et proclament qu’ils abandonnent le rôle de sponsor du processus de paix qu’ils ont joué au cours des dernières décennies », a affirmé de son côté le président palestinien Mahmoud Abbas sur la télévision palestinienne. Jérusalem est « la capitale éternelle de l’Etat de Palestine », a-t-il ajouté.

Les groupes palestiniens ont appelé à trois « jours de rage ». Dans la bande de Gaza, des centaines de Palestiniens en colère ont brûlé des drapeaux américains et israéliens et des portraits de Donald Trump. Un rassemblement est prévu jeudi à Ramallah en Cisjordanie, territoire occupé par l’armée israélienne depuis 50 ans.

– JORDANIE
« La décision du président américain de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, et le transfert de l’ambassade des Etats-Unis vers cette ville, constitue une violation des décisions du droit international et de la charte des Nations unies », a estimé le porte-parole du gouvernement jordanien, Mohammed Moumeni, dans un communiqué.

Pas d’alternative à la solution à deux États pour Antonio Guterres

– ONU
Dans une allocution qui a duré moins de deux minutes et dans laquelle jamais le nom de Donald Trump n’a été prononcé, le secrétaire général des Nations unies a condamné la décision du président américain, relate notre correspondante à New York, Marie Bourreau. « Dès le premier jour, en tant que secrétaire général des Nations unies, je me suis toujours opposé à toute mesure unilatérale qui compromettrait la perspective d’une paix pour les Israéliens et les Palestiniens. Le statut de Jérusalem doit être résolu par des négociations directes entre les deux parties sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, en tenant compte des préoccupations légitimes des parties palestinienne et israélienne » a déclaré Antonio Guterres.

Le chef de l’ONU a martelé la position de son organisation : « En ce moment de grande inquiétude, je veux que cela soit clair : il n’y a pas d’alternative à la solution à deux États. Il n’y a pas de plan B. » Antonio Guterres a promis par ailleurs de tout faire pour aider les dirigeants israéliens et palestiniens à revenir à des négociations constructives.

Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira en urgence vendredi matin sur la reconnaissance unilatérale par Donald Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël, a indiqué la présidence japonaise du Conseil. Cette réunion a été demandée par huit pays sur les 15 qui forment le Conseil de sécurité. Il s’agit de quatre européens – Suède, France, Italie et Royaume-Uni -, de deux sud-américains – Bolivie et Uruguay – et de deux africains – Egypte et Sénégal.

– UE
« L’Union européenne exprime sa sérieuse préoccupation à propos de l’annonce aujourd’hui du président des Etats-Unis Trump sur Jérusalem et les répercussions que cela peut avoir sur la perspective de paix », a affirmé la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini dans un communiqué.

– ALLEMAGNE
Le gouvernement allemand « ne soutient pas cette position car le statut de Jérusalem ne peut être négocié que dans le cadre d’une solution de deux Etats », a déclaré la chancelière Angela Merkel, citée dans un tweet de son porte-parole Steffen Seibert.

– ROYAUME-UNI
« Nous ne sommes pas d’accord avec la décision américaine de transférer son ambassade à Jérusalem et de reconnaître Jérusalem comme la capitale israélienne avant un accord final sur son statut », a déclaré la Première ministre britannique Theresa May dans un communiqué, estimant que cette décision n’était « d’aucune aide » pour les perspectives de paix dans la région.

– ITALIE
« Jérusalem ville sainte, unique au monde. Son futur doit être défini dans le cadre d’un processus de paix basé sur les deux Etats, Israël et Palestine », a réagi sur Twitter le chef du gouvernement italien Paolo Gentiloni.

– CANADA
« La question du statut de Jérusalem ne peut être résolue que dans le cadre d’un règlement général du conflit israélo-palestinien », a affirmé Chrystia Freeland, ministre des Affaires étrangères. Le gouvernement canadien, « allié indéfectible de l’Etat d’Israël », appelle l’ensemble des protagonistes au « calme ».

– TURQUIE
La Turquie juge « irresponsable » la décision américaine. « Nous condamnons la déclaration irresponsable de l’administration américaine (…) cette décision est contraire au droit international et aux résolutions de l’ONU », a réagi le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu sur Twitter.

– VATICAN
« Je ne peux taire ma profonde inquiétude », a déclaré le pape François qui ne peut qu’accorder un intérêt tout particulier à la ville qui abrite les lieux les plus saints des trois grandes religions monothéistes, y compris le Saint-Sépulcre. « J’adresse un appel vibrant pour que tous s’engagent à respecter le statu quo de la ville, en conformité avec les résolutions pertinentes de l’ONU », a ajouté le souverain pontife.

– IRAN
L’Iran, bête noire de Donald Trump, ne s’est pas privé de pincer la corde religieuse, en déclarant qu’il ne tolérerait pas « une violation des lieux saints musulmans ».

– ISRAËL
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a pour sa part salué comme un « jour historique » la reconnaissance de Jérusalem en tant que capitale d’Israël par les Etats-Unis. Le maire de Jérusalem, Nir Barkat, se réjouit de la décision américaine. « Dès que vous mettez une pelle dans le sol à Jérusalem, vous trouvez des racines juives qui remontent à 3000 ans. La ville de Jérusalem est la capitale éternelle du peuple juif. C’était ainsi, ce sera toujours ainsi. Et je pense que nos voisins doivent le reconnaître afin de promouvoir une réelle paix entre les peuples. La reconnaissance des liens historiques entre Jérusalem et le peuple juif fait partie de la réalité dans laquelle nous vivons et Jérusalem restera toujours la capitale du peuple juif. », a-t-il déclaré, selon des propos recueillis par notre correspondant à Jérusalem, Guilhem Delteil.

RFI

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