Élections, trahison, coiffure : ce qu’il faut retenir du livre choc sur Donald Trump
La publication dans la presse d’extraits de l’ouvrage de Michael Wolff sur les coulisses de l’administration Trump, avant sa sortie le 9 janvier, a provoqué mercredi la colère de la Maison Blanche, qui dénonce « un livre de fiction ».
C’est le livre tant attendu de ce début d’année aux États-Unis. « Fire and Fury: Inside the Trump White House » (« Le Feu et la fureur : dans la Maison Blanche de Trump ») lève le voile sur les premiers mois de mandat de Donald Trump à la présidence. Il est le résultat de plusieurs mois d’enquête, notamment dans l’aile ouest de la Maison Blanche, et de quelque 200 interviews de proches du président américain réalisés par le journaliste politique américain Michael Wolff. Si sa sortie est prévue le 9 janvier, quelques extraits ont été publiés dans The Guardian et le New York Magazine, mercredi 3 janvier, provoquant de vives réactions du côté de Washington.
Ce livre regorge d’anecdotes et de témoignages, puisque Michael Wolff connaît personnellement Donald Trump depuis de nombreuses années et a pu s’entretenir avec son ancien conseiller Steve Bannon. Auteur de la biographie de Rupert Murdoch et chroniqueur pour plusieurs titres (USA Today, Vanity Fair, Hollywood Reporter), il a, par le passé, été accusé de s’éloigner parfois de la vérité.
- Donald Trump ne voulait pas être président
C’est le titre de l’extrait publié dans le New York Magazine. « Son but ultime n’a jamais été de gagner », écrit Michael Wolff. « Je peux devenir l’homme le plus célèbre du monde », aurait dit Donald Trump à son assistant Sam Nunberg alors que la campagne présidentielle touchait à sa fin. Encouragé à se présenter par le patron de Fox News Roger Aisles, décédé depuis, le candidat républicain à la traîne dans les sondages derrière Hillary Clinton, envisageait de se servir de sa notoriété pour lancer une chaîne de télévision, affirme l’auteur. « Personne ne croyait vraiment en la victoire », relate en effet Michael Wolff en décrivant un QG de campagne, à la veille de l’élection présidentielle du 8 novembre 2016, s’apparentant plus à « un back office de bureau ».
La directrice de campagne Kellyanne Conway était tellement « persuadée que Donald Trump allait perdre l’élection » qu’elle a passé une bonne partie de la journée du scrutin à informer les journalistes et les présentateurs de télévision de la défaite annoncée depuis son bureau de la tour Trump, tout en rejetant la faute sur le président du Comité national républicain de l’époque, Reince Priebus.
Le livre rapporte également que le fameux soir de l’élection, peu après 20 h, alors que Kellyanne Conway « regardait déjà les concerts de télévision à l’antenne », la possible victoire de Donald Trump semblait se confirmer. Donald Trump Jr. raconte à un ami que son père avait alors l’air d’avoir vu un fantôme. Melania était, elle, « en larmes – et pas de joie », précise l’auteur.
2. Peu d’intérêt à étudier la Constitution
« Certains [de ses conseillers] considéraient qu’il était au plus à demi-instruit », écrit Michael Wolff. Au point qu’au début de la campagne, son conseiller Sam Nunberg est chargé de le briefer sur la Constitution. « Je suis allé jusqu’au 4e amendement », se souvient-il, « avant qu’il tire d’un doigt sa lèvre et lève les yeux au ciel ».
Le président est décrit comme quelqu’un qui « ne lit pas, même en diagonale » et qui réagit à l’instinct. Son ancienne chef de cabinet adjointe de la Maison Blanche, Katie Walsh aurait commenté : « C’est comme d’essayer de comprendre ce qu’un enfant veut ».
3. Trump Jr. accusé de trahison
L’ancien conseiller Steve Bannon livre probablement les plus fortes révélations du livre, en relatant la rencontre le 9 juin 2016 entre l’avocate russe proche du Kremlin Natalia Veselnitskaya, et le fils du candidat, Donald Trump Jr., son gendre, Jared Kushner, et son directeur de campagne, Paul Manafort. « Ces trois cadres haut placés ont jugé que c’était une bonne idée de rencontrer un gouvernement étranger au 25e étage de la Trump Tower – sans avocat. Même si vous ne considérez pas que c’est de la trahison et un truc antipatriotique complètement dingue – et je considère que c’est tout cela à la fois –, ils auraient dû appeler le FBI tout de suite », révèle Steve Bannon dans le livre, dont l’extrait est publié dans The Guardian. Donald Trump a immédiatement riposté mercredi : « Steve Bannon n’a rien à voir avec moi ou ma présidence. Quand il a été limogé [en août dernier], il n’a pas seulement perdu son emploi, il a aussi perdu la raison ».
4. Peur d’être empoisonné
Cette crainte remonterait à plusieurs années. Résultat, le locataire de la Maison Blanche a imposé quelques règles : interdiction formelle de toucher quoi que ce soit dans sa chambre, « même si sa chemise est par terre », et surtout pas sa brosse à dents, précise Michael Wolff. Dès son arrivée à la Maison Blanche, il a exigé qu’un verrou soit posé sur la porte, mais les services secrets ont mis leur veto afin de pouvoir accéder à la chambre.
Pour cette même raison, le président apprécie particulièrement de manger au McDonald’s parce que « personne ne sait qu’il va venir et que la nourriture est préparée en toute sécurité ».
5. Ivanka Trump, première femme présidente ?
La fille de Donald Trump Ivanka et son mari Jared Kuschner ont accepté de devenir conseillers spéciaux à la Maison Blanche malgré les recommandations contraires des proches. Un choix purement stratégique, à en croire Michael Wolff, qui parle de « cotravail ». Dans le couple, un pacte aurait même été conclu : « Si une occasion se présente dans le futur, ce sera elle qui se présentera à la présidence », écrit l’auteur, avant d’ajouter : « La première femme présidente, racontait Ivanka, amusée, ne serait pas Hillary Clinton ; ce serait Ivanka Trump ».
6. Opération du cuir chevelu
Ivanka Trump se moquerait régulièrement de la coiffure de son père. « Elle le regarde avec un certain détachement, voire de l’ironie, allant jusqu’à se moquer de sa coupe de cheveux », indique Michael Wolff. Sa fille révèle notamment que son père a subi « une opération du cuir chevelu ». « La couleur, dit-elle dans un effet comique, vient du produit de coloration Just for Men – qui noircit à mesure qu’on la garde. C’est l’impatience qui a rendu ses cheveux blond-orangé. »
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