Sendou : Un conflit entre les actionnaires Quantum Pacific et Nykomb Synergetics paralyse la centrale
Rien ne va plus à la Centrale de Sendou : Un conflit entre actionnaires, des accusations de détournement de fonds, des problèmes techniques, des prestataires qui se retirent, des salariés licenciés : voilà la situation qui pollue actuellement l’atmosphère de la situation de ladite centrale. Un article paru Africa Intelligence, intitulé : «La centrale de Sendou paralysée par un conflit entre Quantum Pacific et Nykomb Synergetics» a permis de mettre à nu l’ensemble de ces problèmes qui a bien des égards compromettent la survie de la Centrale.
Africa intelligence nous apprends qu’un arbitrage est en cours à Londres entre entre actionnaires : le britannique Quantum Pacific et la société suédoise Nykomb Synergetics Development AB. Réunis dans le consortium Compagnie d’électricité du Sénégal (CES), les deux co-actionnaires de la centrale à charbon de Sendou, située à 35 km au sud de Dakar, sont en conflit depuis les accusations de Quantum Pacific sur des faits présumés de détournements de fonds lors de la construction du site.
Ce conflit entre les deux actionnaires, selon Africa intelligence « aurait débuté au début de cette année, quelques mois à peine après la mise en service de la centrale, en octobre 2018. Quantum Pacific aurait alors pris conscience de certains défauts de design industriel ainsi que de plusieurs malfaçons, notamment au niveau de la turbine qui ne pouvait fonctionner à sa capacité maximale de 125 MW. La société britannique a alors mandaté des experts pour inspecter la centrale, avant de conduire des audits financiers qui auraient révélé une série d’irrégularités ».
De lourdes conséquences sur la centrale et son activité́
De lourdes conséquences sur la centrale et son activité́ ont été noté à cause de ce conflit : «La Centrale est à l’arrêt depuis le mois de juillet à la suite d’un problème technique, qu’il a été impossible de réparer faute de pièces de rechange. Impayé́ depuis plusieurs mois, le prestataire en charge de son exploitation, la joint-venture des françaises SPIE et EDF, a finalement choisi à la mi-septembre de se retirer de la centrale de Sendou et de licencier une soixantaine de salariés. La plupart des sous-traitants présents sur le site ont également choisi de le quitter ».
Ce départ s’explique, nous renseigne l’article par le refus de la Senelec (Société nationale d’électricité du Sénégal), qui acheté l’électricité́ produite par la centrale, d’honorer ses paiements à la Compagnie d’électricité́ du Sénégal, en raison de la querelle entre ses deux actionnaires. Celle-ci ne peut en retour rémunérer ses prestataires. Une tentative de médiation, qui a réuni début juillet la joint-venture française, la Senelec et la CES, s’est finalement soldée par un échec
La turbine ne devrait pas être fonctionnelle avant juin 2020
La turbine de la centrale de Sendou, qui connait plusieurs problèmes techniques, va être expédiée en novembre chez son fabricant indien, selon le journal, pour des réparations dans le cadre d’une procédure de garantie. Elle ne devrait pas être fonctionnelle avant juin 2020.
Pour rappelle, la construction de la centrale a coûté 183 millions de dollars, avait été cofinancée par la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), la CBAO (une filiale de la banque Attijariwafa du Maroc), la banque de développement des Pays-Bas FMO et la Banque africaine de développement (BAD). Cette dernière avait notamment apporté 55 millions $ de prêts en 2009 à Nykomb Synergetics. Un an plus tôt, la société de Louis Claude Norland Suzor avait signé une convention d’achat d’électricité avec la Senelec d’un montant de 285 millions $.
Le mutisme de Nykombo
La société suédoise Nykomb Synergetics Development AB n’a pas voulu se prononcer sur le conflit qui l’oppose à Quantum en arguant de la confidentialité des procédures d’arbitrage, quant elle a été interrogé par Africa Intelligence. Elle a cependant tenu à minimiser les problèmes techniques rencontres par la centrale : « Aucun litige entre les actionnaires ne peut représenter un impact sur l’avenir de la centrale et sur son exploitation, déjà effective. Durant l’exploitation de la centrale et à l’instar de nombreux projets industriels, des améliorations techniques sont souvent nécessaires. Ces améliorations peuvent nécessiter l’arrêt temporaire des machines, ce qui ne constitue pas un frein à l’exploitation de la centrale. »
Par Jacques Ngor SARR avec Africa Intelligence
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