L’OMERTA DES ALLIES

Les alliés du président Macky Sall dans la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY) se sont emmurés dans un silence «assourdissant» sur le supposé projet de troisième mandat que mijoterait le chef de l’Etat.

Les alliés du président Macky Sall dans la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY) se sont emmurés dans un silence «assourdissant» sur le supposé projet de troisième mandat que mijoterait le chef de l’Etat. Un désintéressement en dépit du limogeage du désormais ancien Directeur des Sénégalais de l’extérieur, Sory Kaba, pour sa sortie sur l’impossible troisième mandant du président, mais surtout devant les alertes et autres accusations venant des pourfendeurs du régime en place. Est-ce une «consigne» communicationnelle venant de la coalition, quand on sait que le pôle de communication de la mouvance présidentielle avait arrêté une ligne de conduite, lors d’un séminaire, la semaine dernière ? Ce silence traduit-il un acquiescement du projet prêté au président Sall ? Ou plutôt, les partis alliés craignent-ils des représailles de la part du «patron», au vu du sort réservé à Sory Kaba ? Eléments de réponse avec Zator Mbaye, responsable politique à l’Afp, Moussa Sow, porte-parole du Pit, ou encore Abdoulaye Wilane, porte-parole du Ps, sans occulter celui de la Ld, Moussa Sarr. Tous semblent s’être passé le mot. C’est l’omerta totale !

ZATOR MBAYE RESPONSABLE POLITIQUE AFP : «Il ne faut pas qu’on nous attende sur un certain débat»

«C’est un débat stérile et puéril. Il n’y a aucun silence de notre part. Il y a une cohérence d’actions. Le président de la République s’est exprimé sur ces questions-là. Il vient d’être réélu. Il est en train d’assoir les bases du PAP II. Voilà les questions qui nous intéressent. Comment peut-on installer de manière permanente et perpétuelle la question d’une élection présidentielle ? Qu’est-ce que les gens n’ont pas dit sur 2019 ? Beaucoup d’encre a coulé pour les élections de 2019. On est encore en 2019, les gens nous projettent sur 2024. Pourquoi pensez-vous que nous devons, en prenant notre café, notre Thieb (riz) et notre couscous le soir, en parler. Ça n’a pas de sens !

Il ne faut pas qu’on nous attende sur un certain débat. On ne nous y trouvera jamais. Parce que nous sommes aujourd’hui aux responsabilités. Les Sénégalais ont réélu le président en lui donnant un nouveau mandat pour continuer les chantiers et en démarrer d’autres. Voilà notre préoccupation quotidienne. Nous ne sommes pas des «électionivores». Les gens veulent toujours polluer les débats des réalisations, des politiques publiques pour une question d’élection présidentielle. Tous les mercredis, le président prend des décisions importantes, des projets de texte sont votés, des orientations nouvelles sont dessinées. J’ai l’impression que ça n’intéresse pas certains. Ce qui les intéresse c’est de mettre la poudre aux yeux et de passer tous ces efforts-là par perte et profit pour simplement polluer le débat public par une élection présidentielle. Ceci est inacceptable !

J’en profite pour lancer un appel aux personnalités qui sont dans le gouvernement ou dans son entourage et qui aujourd’hui, agitent ce jeu dans une posture pas très courageuse. Parce que pour certains, il n’est pas question que le président réussisse tous ces projets qu’il est en train de dérouler. Nous autres, nous combattrons ces gens-là, d’où qu’ils puissent provenir. Parce que l’objectif pour nous, ce n’est pas de faire la carrière de Jean ou de Paul. Notre objectif, c’est de faire en sorte que le développement du Sénégal et son essor soient réalisés. A l’heure où nous parlons, le capitaine de cette équipe-là qui doit conduire ces changements, s’appelle Macky Sall. Point final, jusqu’à nouvelle ordre».

MOUSSA SOW, PORTE-PAROLE PIT : «Nous devons éviter de distraire le peuple sénégalais»

«Nous ne recevons pas de consignes. Nous sommes un parti avec toute son autonomie de décision. Nous sommes respectueux des engagements que nous prenons collégialement et collectivement. En revanche, vous avez tout de suite parlé d’actualité. Le troisième mandat n’est pas l’actualité. C’est vous (journalistes) qui en faites l’actualité, mais il n’en est pas un. Nous sortons juste des élections. L’actualité de l’heure, c’est effectivement la résolution des problèmes des Sénégalais. Pourquoi vouloir anticiper, de créer une actualité qui n’est pas la réalité qui interpelle les Sénégalais ? Je pense que les priorités et l’actualité fondamentale ne se situent pas à ce niveau. Je tiens à préciser que nous ne sommes silencieux devant rien du tout. Nous analysons la situation concrète qui se pose dans notre pays. Aujourd’hui, ce qui se pose, ce n’est pas la question des élections qui sont devant nous pour plusieurs années encore.

En tant que parti politique et analysant la situation du pays et réfléchissant sur les questions politiques, quels sont les actes concrets qui sont posés dans le sens d’installer un débat sur le troisième mandat ? Je pense que le sérieux de la question politique fait qu’il faut s’abstenir d’entretenir des soupçons. Il faut partir sur des réalités objectives. C’est pourquoi je dis qu’aujourd’hui, la préoccupation des Sénégalais, ce n’est pas d’aller dans des soupçons, mais c’est d’aller sur des éléments concrets. Nous devons éviter de distraire le peuple sénégalais. Vous avez, vous-même dit que l’opposition soupçonne (des velléités de 3ème mandat, Ndlr). On ne doit pas nous divertir.

On ne s’engage pas dans le débat d’un directeur nommé et limogé dans le courant normal des choses. Celui qui a la prérogative de nommer assume ses responsabilités».

ABDOULAYE WILANE, PORTE-PAROLE DU PARTI SOCIALISTE : «A chaque chose son temps»

«Chez nous (PS), ce qui nous préoccupe c’est ce pourquoi le Parti socialiste avait investi Macky Sall. Le Mandat ! Le nombre de mandats et le jour de la prochaine présidentielle ne sont pas nos priorités, ni nos urgences. A chaque chose, son temps. Nous travaillons à stabiliser notre part dans l’unité et la cohésion, la solidarité. Renforcer la paix et la stabilité du pays et conforter l’esprit d’équipe au sein de BBY par la loyauté et le sens des Responsabilités. Demain fera jour et le peuple sénégalais qui a été le constituant en 2016, au, référendum, est un peuple très mûr et responsable. Il mérite notre respect et notre fidélité».

MOUSSA SARR, PORTE-PAROLE DE LA LD : «Les partis membres de la majorité présidentielle ne doivent pas se laisser divertir par des débats prématurés»

«En général, notre parti, la Ligue Démocratique se prononce sur toutes les questions d’intérêt national. Tous les acteurs et les observateurs de la scène politique peuvent en témoigner. Sur les questions que nous jugeons pertinentes, nous élaborons nos positions et les rendons publiques.

Il se trouve que le débat actuel sur une prétendue 3ème candidature de Macky Sall, en 2024, me semble prématuré, insensé et dangereux. Prématuré du fait que nous sortons à peine de la présidentielle de février 2019, et qu’en conséquence plus de quatre longues années nous séparent de la présidentielle de 2024. Commencer maintenant à spéculer sur cette échéance électorale à venir revient à installer prématurément le pays dans une campagne électorale permanente.

Insensé parce que le Président Macky Sall lui-même ne se lasse pas de dire qu’il a verrouillé dans la Constitution actuelle notamment la durée du mandat présidentiel à 5 ans et l’impossibilité de faire plus de 2 mandats successifs. Je pense que ce débat n’aura de sens qu’à partir du moment où il déclarera sa volonté d’aller à nouveau à la conquête des suffrages du peuple souverain.

Ce débat est aussi dangereux en ce qu’il risque d’installer un climat de tension dans le pays où les acteurs joueront à se faire peur. D’escalade verbale en escalade verbale, nous risquons d’aboutir à une situation aux conséquences imprévisibles.

C’est pourquoi et pour l’heure, notre parti, la Ligue Démocratique, réaffirme sa position de principe à savoir un mandat présidentiel de 5 ans renouvelable une fois ainsi que c’est proclamé par notre loi fondamentale. A l’heure actuelle, tout autre débat, à ce propos, est stérile. Et les partis membres de la majorité présidentielle ne doivent pas se laisser divertir par des débats prématurés».

Sudquotidien

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