Maître WADE, le PDS, le passager clandestin, et la stratégie du « Diokhlènema Réwmi, mba ma yeungueul Gaalgui » (Par Yoro Ba)

«L’élément Karim Wade est le patrimoine politique de Me Abdoulaye Wade et il ne va jamais le brader » dixit Yankhoba Diattara, Journal L’AS du 03 Septembre 2018

 DIAGNOSTIC

Incontestablement, Maitre Wade est une « bête politique », un grand stratège. Cet homme généreux et affable  ne laisse  personne indifférent, que l’on soit son partisan ou son adversaire politique. Cet avocat audacieux, qui a défendu Mamadou Dia en 1963, s’est opposé à Senghor et assez farouchement à Diouf, avec beaucoup de cran et de culot n’a jamais hésité à aller en prison pour faire avancer la démocratie sénégalaise. Homme rusé aux facettes multiples,  cet artiste de la politique parfois comique ou ironique, a su transformer son sens de l’humour et de la dérision en une redoutable arme politique : « khana Mr Forages et Mme Moulins jarùniou fi » nous avait-il lancé en substance, lors d’une campagne électorale il y’a quelques années  parlant du Président Diouf et de son épouse.

Maitre Wade est également un nationaliste et fut un très grand bâtisseur en tant que Président de la République. Dynamique et déterminé, le Président Wade a lancé de grands travaux pour moderniser le Sénégal par la construction de plusieurs milliers d’écoles, le développement du réseau routier, l’électrification des campagnes, la création de nombreux  Centres de Santé et d’Hôpitaux à travers tout le pays.

Toutefois, cet homme complexe et plein de paradoxes  a un défaut majeur qui se résume en  une estime de soi bien au-dessus de la moyenne et un amour incommensurable et irraisonné  pour son fils Karim Wade, dont il pense simplement qu’il est le meilleur fils du Sénégal. Cet état d’esprit l’a conduit à concevoir et à essayer d’appliquer un plan de dévolution monarchique du pouvoir en faveur de celui-ci quelques années seulement après son accession à la Magistrature suprême.

Dans une émission sur une télévision française, Christophe Ruffin, ancien ambassadeur de France au Sénégal  affirmait : « Qu’un pays où le père veut mettre en place son fils, le fils paie la Françafrique. Les gens qu’il paie viennent convaincre la France de soutenir le fils. Le fils n’est pas populaire. S’il arrive au pouvoir, les populations se soulèvent. Ce n’est pas l’intérêt de la France ».

Dans une interview accordée à une télévision locale le 28 Février 2010, Maitre Wade lui-même affirmait ceci : « actuellement je n’ai pas l’intention de faire de lui -Karim- un Président, mais soyons clair je ne l’exclue pas », en citant les  exemples de Eyadema et Bongo. C’est dire que la dévolution monarchique du pouvoir fût une réalité et aujourd’hui encore le rêve  -légitime maintenant-  de Maître Wade de voir son fils devenir Président de la République ne fait aucun doute chez tout observateur même non averti ,et  chaque jour Abdoulaye Wade fait un pas de plus vers l’accomplissement de son projet.

Mais il y’a un obstacle, un écueil, une grosse  difficulté, une véritable pierre d’achoppement, c’est la situation juridique de Karim Wade condamné par la justice sénégalaise.

HYPOTHESE 

Ayant très tôt  pris conscience de cet état de faits, Maître Wade qui ne renonce jamais, conçoit un autre plan qui poursuit  rigoureusement le même objectif. En effet après avoir lourdement échoué à faire hériter l’Etat à son fils Karim Wade par un processus de dévolution monarchique du pouvoir, le Président WADE ne peut concevoir ni accepter que son Parti, le PDS, échoit à d’autres mains que celles de Karim. Or un candidat du PDS à la Présidentielle autre que Karim, fût- il le plus insignifiant, héritera du parti au lendemain du scrutin quelle qu’en soit l’issue. Le plan pourrait donc consister  pour le clan Wade à mener un combat politique qui pourrait créer  l’instabilité dans le pays avec deux issues possibles:

1- L’Etat recule et Karim Wade est candidat

2- Le pouvoir reste fort et réprime les tentatives de troubles, le Président Wade en prend prétexte et décide que: » dans ces conditions, le PDS n’aura pas de candidat ». Cette décision  aura l’avantage de la préservation de l’héritage PDS pour Karim. 

Il n’est pas exclu d’ailleurs que le calme revenu, le Président WADE vienne proposer au Président de la République élu  des négociations afin d’obtenir une amnistie pour Karim, de façon que celui-ci puisse être candidat à la Présidentielle de 2024.

QUELLE STRATEGIE POUR BBY pour contourner le piège du clan Wade ?

Les fortes mobilisations ont certes leur utilité surtout lorsqu’elles sont le fait des vrais militants. Mais en plus des coûts exorbitants qu’elles entrainent, cette forme de communication politique n’est certainement pas la plus efficace, ni même la plus difficile contrairement à une certaine perception! Ce sont les mêmes foules qui sont « louées » par les acteurs politiques toutes tendances confondues et il suffit de disposer de solides fonds pour réussir les mobilisations les plus fortes. Pour autant, ces électeurs » volatiles » militants de tous les partis, ne sont pas les partenaires les plus sûrs pour gagner une élection.

Une approche de proximité – le focus groupe – portée par « les militants durables », des personnalités crédibles, non stigmatisées, des femmes et des hommes dont le parcours et le profil méritent confiance, doublée de la focalisation de la campagne électorale sur certains thèmes tirés du PSE au détriment d’autres, peuvent modifier le vote de certains électeurs en direction du candidat Macky Sall qui, sur ces points précis, leur paraitra indiscutablement le plus crédible.

BBY devra donc mener  une communication offensive, préventive et spécifique sur les risques de troubles dans la période qui nous sépare des élections. Cette communication devra empêcher l’adhésion au projet du clan Wade  de l’ensemble de l’opposition et des groupes de populations frustrés pour une raison ou une autre. La rebuffade de certains opposants qui n’ont pas suivi le PDS dans son refus d’aller répondre à l’invitation du Ministre de l’Intérieur à la réunion des coordonnateurs des différents candidats à la présidentielle est un bon signe de ce point de vue.

Cette communication devra également impliquer et sensibiliser les porteurs d’enjeux (Chefs religieux et coutumiers, Société Civile, Presse, ect….) sur les risques de déstabilisation du pays pour simplement que l’auto-exilé de Doha puisse conserver le PDS !!!

Le choix des communicants devra porter sur des personnalités à la fois crédibles, pertinentes et informées. Une cohésion et une cohérence dans la communication de la coalition BBY est également une nécessité  pour fermer toute brèche de vulnérabilité qui pourrait être utilisée par l’opposition. Il y a donc lieu de rappeler à l’ordre des personnalités  qui, sur des  sujets importants (Parrainage, Inondations, pénurie d’eau…), ont pris  publiquement le contre-pied des positions de la coalition BBY alors même que les discussions à l’interne servent à exprimer ces positions contradictoires. En effet la conférence des leaders de BBY, les discussions au sein des sous coalitions qui forment la grande coalition BBY, les audiences accordées malgré un agenda chargé par le Président de BBY à toutes les organisations qui travaillent à sa réélection, constituent un espace de dialogue et d’échanges entre ses différentes composantes, afin que les critiques y soient portées à l’interne le cas échéant. Ces différents cadres doivent  apporter les explications et clarifications utiles afin de dépasser, là où ils existent, les malentendus, frustrations et rancœurs, selon une approche positive, constructive et de respect mutuel conforme à « l’esprit Bennoo »

CONCLUSION

Considérant qu’un parti politique ne saurait être une propriété privée encore moins un projet de vie, je voudrais très humblement inviter nos compatriotes militants du PDS,  de façon plus décisive, à  considérer  qu’au fond, si le PDS doit demeurer la sentinelle vigilante de la nouvelle opposition, il faut que dans la pratique, le parti ne souffre point d’une faiblesse de la participation voire d’un absentéisme /boycott systématique .Les militants du PDS  doivent être disponibles, capables d’animer des structures et de définir des options stratégiques. L’ambition politique des militants authentiques du PDS  aujourd’hui devrait être, tout en restant le premier parti de l’opposition, de participer à la construction d’un  Sénégal de paix, un Sénégal  de démocratie, un pays avec des options économiques ayant pour but premier la satisfaction des besoins fondamentaux des populations : se nourrir, se vêtir, s’éduquer.

Par Yoro BA, sociologue, conseiller spécial Présidence de la République

Président NAFORE (Nouvelle Alliance des Forces Républicaines)

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